Le renforcement des compétences des régulateurs en matière d’éducation aux médias est une exigence qui s’impose désormais à toute la communauté humaine, a indiqué, mardi à Bakou, la présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle du Maroc, Latifa Akharbach.
“Le renforcement des propres compétences des régulateurs en la matière (éducation aux médias, ndlr) est une exigence du nouvel ordre médiatique qui s’impose désormais à toute la communauté humaine”, a indiqué Mme Akharbach, qui s’exprimait à l’ouverture de la conférence internationale sur l’éducation aux médias, organisée par le Conseil audiovisuel d’Azerbaïdjan (ACRA).
“En apportant en tant que régulateurs un soutien expert et performant aux initiatives publiques de nos pays dans le domaine de l’éducation aux médias et au numérique, nous nous engageons à garantir pleinement les droits de nos citoyens à un écosystème médiatique fondé sur la confiance”, a-t-elle renchéri.
Cela contribuera, selon la présidente de la HACA, à forger une “citoyenneté numérique éclairée”, capable de s’approprier les outils et la culture du numérique “avec discernement et d’agir avec responsabilité et impact au sein de nos sociétés”.
Elle a, à cet égard, précisé que le modèle marocain de régulation des médias s’inscrit dans les standards internationaux en la matière tout en exigeant des acteurs numériques globaux de prendre en compte les spécificités de la société marocaine.
Le Maroc appelle aussi à une coordination internationale renforcée pour faciliter la mise en place, à l’échelle globale, de régulations efficaces et équitables en matière d’encadrement de l’action des grandes plateformes numériques, a-t-elle fait savoir.
La HACA est “très active” au sein de la communauté internationale des régulateurs des médias, a-t-elle ajouté, estimant qu’une coopération renforcée entre régulateurs de différentes régions du monde permet de mieux comprendre et de mieux gérer les transformations “profondes et disruptives” que subit l’espace public médiatique au sein duquel évoluent désormais tous nos citoyens.
Dans le nouvel environnement médiatique, les besoins croissants d’un empowerment continu des individus et des sociétés en tant qu’utilisateurs et acteurs des espaces et des technologies de l’information sont évidents quand on relève l’envergure de l’offre et de la circulation des contenus dans l’espace global et digitalisé, a noté Mme Akharbach.
Les chiffres sont tout aussi significatifs pour le Maroc où 91% des Marocains sont des internautes et 99,2% des internautes utilisent les réseaux sociaux, a-t-elle relevé.
Les Réseaux Sociaux sont devenus les véritables gatekeepers de l’information et régulent de fait la parole publique dans l’espace numérique alors que ce sont des acteurs privés et des organisations à but lucratif, a-t-elle constaté.
Si l’enquête de collecte des indicateurs TIC (technologies de l’information et de la communication) par l’Agence Nationale de Régulation des Télécommunications auprès des ménages et des individus montre pour l’année 2023 que la télévision continue à avoir une part significative dans les pratiques médiatiques des Marocains avec 67,3% de la population qui l’utilise pour suivre l’actualité, les réseaux sociaux montent en puissance dans ce domaine. Ils sont d’ores et déjà utilisés par 25,9% des internautes pour accéder à l’actualité.
“Comprendre que les informations ou les événements diffusés dans les médias ne reflètent pas toujours la réalité constitue la base de l’éducation aux médias”, a souligné, pour sa part, le président de l’ACRA, Ismat Sattarov.
L’inclusion de l’éducation aux médias dans les programmes éducatifs à différents niveaux est déjà devenue la tendance du moment, a précisé M. Sattarov.
L’éducation aux médias est un “processus continu qui requiert l’implication de tous les segments de la société”, a indiqué, de son côté, le Directeur exécutif de l’Agence azerbaïdjanaise de développement des médias, Ahmad Ismayilov.
D’après l’expérience internationale, la stratégie la plus courante adoptée par les pays pour accroître l’éducation aux médias consiste à inclure le sujet dans le système éducatif et à prendre des mesures radicales à cet égard, a indiqué M.Ismayilov.
La création de portails Internet appropriés et complets, la sensibilisation aux publications nationales préparées et régulièrement mises à jour par les institutions productrices et la reconnaissance des compétences à la fois théoriques et pratiques doivent être parmi les priorités, a-t-il poursuivi.
La conférence a été marquée par une présentation sur “la détection de la désinformation : outils et techniques” et deux tables rondes sur “l’intelligence artificielle et l’éducation aux médias” et “l’éducation aux médias dans le système éducatif”.
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