Le directeur de la Direction nationale de l’arbitrage (DNA), Redouane Jiyed a accordé à la MAP une interview dans laquelle il a abordé la situation et les défis de l’arbitrage au Maroc, surtout que la confiance est placée en une nouvelle génération d’arbitres pour officier lors des différentes compétitions et divisions du football national.
M. Jiyed a expliqué les raisons et les facteurs ayant conduit à l’option de rajeunissement et les efforts consentis en matière de formation et d’évaluation des arbitres marocains.
Il a également évoqué les critiques enregistrées lors de certaines rencontres, la méthode de leur gestion par la DNA et la relation avec les différents partenaires dans l’écosystème footballistique national.
– Vous avez placé, en ce début de saison, la confiance en de nouveaux arbitres pour officier lors de la Botola Pro. Quels sont les facteurs qui ont conduit à ce choix?
Il est à noter, tout d’abord, que nous gérons la DNA dans une logique de continuité et de parachèvement des chantiers lancés et de valorisation du travail déjà engagé. Concernant le rajeunissement, nous travaillons suivant une nouvelle vision basée sur la réparation de certains dysfonctionnements. A ce propos, force est de relever que la moyenne d’âge des arbitres marocains était relativement élevée, notamment dans les première et deuxième divisions de la Botola Pro et qu’il fallait s’activer sur le chantier de diminution de cette moyenne. Ainsi, en ce début de saison, nous avons offert l’opportunité à de jeunes arbitres, qui étaient actifs dans les divisions inférieures, tout en les intégrant progressivement, ce que nous avons réussi malgré les difficultés des débuts.
– Comment évaluez-vous le rendement des arbitres marocains dans les différentes compétitions footballistiques au Maroc?
Certes, il existe certaines lacunes à combler, mais en général, il y a des points positifs à valoriser. Nous sommes appelés à apporter tout le soutien nécessaire à la nouvelle génération d’arbitres marocains et leur offrir l’opportunité de démontrer leurs compétences. C’est pour cette raison que je suis satisfait du niveau général de l’arbitrage marocain, d’autant plus qu’on n’a pas enregistré beaucoup de critiques durant les dernières journées de la Botola Pro D1, ce qui constitue un indice important sur le fait que nous sommes sur le bon chemin.
– Comment gérez-vous le dossier de formation et de suivi des arbitres marocains et quel mécanisme adoptez-vous pour les évaluer?
Nous accordons une grande importance au chantier de formation et de formation continue. Ainsi, en lien avec les nouveautés dans les règlements du jeu, nous avons organisé des sessions de formation avant le début de l’actuelle saison, au bénéfice d’arbitres de l’élite, des amateurs, du football féminin, de beach-soccer et de futsal. De plus, dans le cadre du projet de développement de l’arbitrage marocain, des sessions de formation destinées à évaluer le travail accompli ont été mises en place, avec comme objectif de mettre le doigt sur certaines erreurs constatées en vue de les réparer et d’évaluer et de valoriser les points positifs pour améliorer le rendement des arbitres et rehausser leur niveau dans les différentes compétitions et divisions.
Nous agissons suivant une méthodologie claire concernant l’accompagnement et l’évaluation du travail des arbitres, en s’appuyant sur l’action importante des contrôleurs. A ce propos, je relève qu’il y a un manque énorme sur ce profil, ce que nous tentons de combler en mettant en place des stages pour former de nouveaux contrôleurs. Je rappelle que les contrôleurs dressent des rapports sur le rendement et la notation des arbitres qui servent de fondement à certaines décisions ou suspensions, que nous évitons de rendre publiques pour qu’il n’y ait pas de pression sur les concernés.
– Comment évaluez-vous le rendement de l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) au Maroc et comment interagissez-vous avec les critiques à ce propos?
Le Maroc figure parmi les premiers pays à adopter la VAR, mais il faut insister sur le fait qu’il s’agit d’une technologie contrôlée par l’Homme et que, de ce fait, il existe toujours une marge d’erreur. Pour notre part, nous essayons de minimiser les erreurs en organisant des stages de perfectionnement et nous pouvons assurer que le niveau de l’arbitrage VAR au Maroc est “assez bien”, et la participation d’arbitres nationaux aux Mondiaux précédents et futurs le prouve.
Concernant les critiques, je pense qu’il est impossible, à l’ère des réseaux sociaux de mettre les arbitres à l’écart du débat autour du rendement de l’arbitrage et c’est là que l’arbitre doit faire preuve de forte personnalité et gérer la pression qui résulte des contestations. De notre côté, nous essayons dans la mesure du possible d’accompagner les arbitres pour les aider à ne pas se laisser influencer. Je pense que nos arbitres ont assez de caractère et d’expérience pour rester à l’abri des effets de ces critiques.
– Comment coordonnez-vous avec vos partenaires dans l’écosystème footballistique?
Nous entretenons un contact permanent et une étroite coordination avec les différentes ligues et organismes chargés de superviser et de programmer les compétitions. Toutefois, j’insiste sur le fait que la DNA est gérée en toute indépendance par rapport aux autres appareils et qu’elle travaille, ainsi, dans une logique de consultation au service du football national.
MAP