Repos biologique dans la pêcherie des petits pélagiques : Mme Driouich appelle à lutter contre les spéculations sur le prix de la sardine
La secrétaire d’Etat chargée de la Pêche maritime, Zakia Driouich, a insisté sur la nécessité de prendre les mesures idoines pour lutter contre les spéculations sur le prix de la sardine pendant la période de repos biologique et protéger le consommateur contre ce genre de pratiques.
Dans une interview accordée à la MAP sur l’instauration du repos biologique dans la pêcherie des petits pélagiques notamment la sardine, Mme Driouich a mis en garde contre la prolifération des points de vente informels, l’anarchie et la médiation illégale.
“L’instauration de ce repos biologique, qui va durer deux mois pour les ports de Boujdour et Dakhla contre un mois et demi pour les ports de Laayoune, Tarfaya, Sidi Ifni et Agadir, a pour objectif d’améliorer la capacité reproductive biologique et le renouvellement des biomasses de ces stocks”, a-t-elle expliqué.
Selon la secrétaire d’Etat, ce repos biologique instauré dans le cadre d’une gestion adaptative de la plus importante pêcherie nationale fait suite à l’avis scientifique de l’Institut National de la Recherche Halieutique (INRH) qui recommande de protéger la phase principale de reproduction de la sardine au niveau des pêcheries de l’atlantique centre et de l’atlantique sud.
Par ailleurs, Mme Driouich a mis l’accent sur une autre mesure équivalente relative à la fermeture spatiotemporelle de la zone de ponte au large de Safi, précisant que cette mesure vise à atteindre les mêmes objectifs de protection de la ponte de la sardine au profit de la flotte sardinière qui exploite cette zone.
De même, en vue de protéger la zone centre, qui compte deux des plus importants ports du Royaume, Laayoune et Tan-Tan, le ministère a instauré une mesure supplémentaire de protection du stock de la sardine, à travers la fermeture d’une zone de concentration des juvéniles située entre Tan-Tan et Laâyoune, identifiée par l’INRH et signalé également par les pêcheurs et ce, pour une durée d’une année, a-t-elle ajouté.
Cette mesure, qui intervient dans un contexte de rétrécissement de la distribution générale du stock de sardine et des zones de pêche dans la zone centre, permettra de réduire les risques de pêche et de rejets des juvéniles, et ainsi préserver cette frange du stock en vue de garantir au mieux les conditions favorables à une bonne saison de pêche.
“Le ministère n’a ménagé aucun effort pour prendre des mesures immédiates pour préserver les ressources halieutiques portant sur cette importante pêcherie, notamment la sardine ayant bénéficié d’un repos biologique de 45 jours. Ces mesures vont permettre une régénération du stock des petits pélagiques et la préservation des activités socioéconomiques y afférentes”, a rappelé Mme Driouich.
Elle a, en outre, fait remarquer que la pêcherie des petits pélagiques, principalement la sardine, a connu une régression de ses principaux indicateurs biologiques, ce qui a impacté les résultats de la campagne de pêche en 2024 avec une baisse de 23% pour la sardine et de 1% pour la totalité des débarquements des cinq espèces de petits pélagiques au niveau national.
Néanmoins, cette baisse a été compensée par une augmentation substantielle des captures de 33% pour le maquereau, de 50% pour le chinchard et de 90% pour l’anchois, bénéficiant de conditions climatiques plus favorable à son développement, a relevé la secrétaire d’Etat.
Mme Driouich a également tenu à préciser que cet arrêt temporaire, qui prendra fin dans la région centre 15 jours avant le début du Ramadan, coïncide avec la période de basse saison de la pêche de ces espèces notamment durant les trois premiers mois de l’année (Janvier, février et mars), ce qui permet de réduire considérablement l’impact potentiel de cette mesure sur cette filière, du point de vue socioéconomique.
Elle a, dans ce cadre, souligné que le prix de la sardine dans les marchés de gros, qui est soumis à la logique de l’offre et de la demande, est affecté par de multiples facteurs, notamment le coût de production, affectant l’activité des navires de pêches.
Ce prix ne doit pas dépasser 17 dirhams à 20 dirhams au maximum durant cette période de repos biologique qui impacte directement l’offre, d’après la secrétaire d’Etat qui a précisé que le prix de la caisse au marché de gros ne dépasse pas 400 dirhams, l’équivalent de 17 DH/Kg.
Et de poursuivre : “Il faut dire aussi que le ministère a renforcé pendant ces deux dernières décennies le réseau de vente des marchés de gros. Nous comptons aujourd’hui 10 marchés de gros de poissons, 22 halles aux poissons, dont 18 situées aux grands ports de pêche, 14 halles de nouvelle génération et 47 points de vente au niveau des points de débarquement et des villages de pêche”.
L’objectif de ces infrastructures est d’améliorer les conditions de commercialisation et de valorisation des produits de la pêche maritime, de garantir l’approvisionnement des marchés locaux en poisson et de rapprocher les produits de la mer des consommateurs, dans le but d’augmenter la consommation nationale, a indiqué Mme Driouich.
Par ailleurs, elle a noté que la mesure du repos biologique a été instaurée en concertation avec la profession. “Nous avons impliqué toutes les parties prenantes de la profession en vue de se concerter, de même, cette mesure permettra d’assurer la durabilité de cette activité et les investissements y afférents”.
Face aux effets des changements climatiques sur les pêcheries des petits pélagiques manifesté par une augmentation inédite de la température et qui ont fortement perturbé la distribution et les zones de concentration des phases sensibles de ces stocks (ponte et recrutement), le secrétariat d’Etat chargé de la Pêche Maritime avait mis en œuvre depuis le 1er janvier 2025 des mesures de gestion importantes au niveau des pêcheries sur la façade atlantique.
Il s’agit notamment de l’instauration d’un arrêt d’activité de toute la flotte ciblant la sardine au sud d’Agadir, en l’occurrence les senneurs côtiers et les navires industriels de pêche pélagique.
MAP
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