La 9-ème édition de l’Atlantic Strategy Group (ASG), une initiative du think tank américain German Marshall Fund (GMF) et du Policy Center For The New South (PCNS), planche, jeudi et vendredi à Bruxelles, sur les perspectives des relations atlantiques dans cette «période de turbulences» et sur la place du Sud global dans les dynamiques évolutives actuelles et futures.
Lors de la séance d’ouverture de cet événement, des experts d’Amérique du Nord, d’Europe, d’Amérique Latine et d’Afrique ont passé en revue, jeudi, les nombreux défis que cette partie du monde est appelée à relever, en rapport avec les questions liées, entre autres, à la croissance économique, au commerce, à l’immigration, à l’énergie, au climat, à la sécurité et à la promotion de la paix et de la stabilité.
Mettant en garde contre «le danger de l’unilatéralisme», les chercheurs ont souligné l’importance de connecter les pays autour d’engagements pour un développement durable et inclusif.
Il faudra, selon eux, mettre les changements mondiaux actuels dans une perspective plus large, saisir ce Momentum pour «agir autrement», réorienter les «ressources là où il faut» et adopter des approches différentes dans les relations Sud-Sud et Sud-Europe.
Les participants ont souligné l’importance de repenser les relations transatlantiques à la lumière d’un «Atlantique élargi», sortant du prisme de l’Occident pour inclure le Sud émergent, qui prend de plus en plus d’importance dans le cadre des partenariats internationaux.
Par ailleurs, ils ont noté la légitimité pour les pays du Sud de chercher à diversifier leurs partenariats, à un moment où le multilatéralisme semble en crise face à la montée de l’unilatéralisme. A cet égard, les pays du Sud doivent œuvrer en faveur d’un partenariat Sud-Sud durable et tourné vers l’avenir, ont relevé ces experts. Il s’agit pour les pays du Sud de «prendre leur destin en main, mobiliser leurs ressources et les réorienter vers des projets durables à même de construire leur futur», ont-ils indiqué, notant que l’Atlantique élargi constitue un cadre prometteur dans cette perspective.
«Nous nous trouvons à un moment où tout est un peu en effervescence, tout est en train de changer, et chacun essaie de comprendre ce dont il a besoin pour sa sécurité, sa prospérité et l’avenir de sa coopération», a souligné, dans une déclaration à la MAP, le vice-président du German Marshall Fund, Ian Lesser.
À ses yeux, «le monde a besoin d’idées nouvelles et certaines peuvent venir de la modification de nos cartes mentales sur ce que sont les relations transatlantiques, car il ne s’agit pas seulement des États-Unis et de l’Europe».
«C’est le moment de l’Afrique pour différentes considérations, notamment en termes de population, de ressources et de dynamique économique, sans oublier les exigences en matière d’infrastructures, de nouveaux investissements et de sécurité», a-t-il analysé, estimant que le continent, qui compter sur des partenaires africains, a aussi besoin d’autres partenaires.
La question atlantique se pose aujourd’hui avec acuité, dans la mesure où son importance réside non seulement dans le fait que les pays du sud sont en émergence, afin de construire des pôles, contrebalancer les autres puissances et faire entendre leurs voix, mais aussi à un moment où des changements sont en train de se produire, a relevé, de son côté, Nouzha Chekrouni, chercheur senior au PCNS.
«Au PCNS, nous travaillons sur le nouveau Sud, qui est un concept beaucoup plus pragmatique, qui est non-aligné, mais qui joue aussi sur les équilibres potentiels pour créer de la richesse», a-t-elle indiqué.
Citant l’exemple du Maroc, Mme Chekrouni a mis en avant l’Initiative Royale Atlantique visant à permettre aux pays du Sahel d’avoir accès à l’Atlantique pour se désenclaver et contribuer à la création de richesses.
«Le Maroc, sous le leadership de SM le Roi Mohammed VI, innove et diversifie ses partenariats, pour créer cette connexion avec le monde et aller vers un futur florissant», a-t-elle ajouté.
Pour Julian Ventura, chercheur associé à l’Institut politique Chatham House, «le monde entre aujourd’hui dans une nouvelle étape complexe, certes, mais qui pourrait aussi être porteuse d’opportunités, de relations atlantiques plus larges et plus solides».
«C’est un moment difficile, mais aussi une opportunité pour les pays de l’Atlantique Sud d’être créatifs, travailler de toute urgence et tendre la main les uns les autres», a-t-il relevé, estimant qu’il s’agit d’une «occasion de faire preuve de proactivité et de mieux contribuer à l’économie mondiale».
L’Atlantic Strategic Group est une réunion annuelle réunissant des participants en provenance d’Amérique du Nord, d’Europe, d’Amérique Latine et d’Afrique. Elle se concentre sur des problématiques d’intérêt commun pour les acteurs de l’Atlantique, tout en offrant un forum dans lequel les principaux acteurs de tous les côtés du bassin atlantique peuvent explorer des domaines de collaboration accrue.
L’ASG a pour objectif de favoriser la construction de réseaux, d’améliorer la compréhension collective des enjeux urgents, et de recueillir des résultats utiles pour les observateurs et les décideurs des deux côtés de l’Atlantique.
MAP