Ramadan à Libreville.. quand la fraternité s’installe entre jeunes marocains et cultures locales

Publié il y a 2 ans

Neuf jours ramadanesques déjà passés ! Il fut 18h30. Des jeunes marocains étaient rassemblés à la maison de Karim sis au quartier Avorbam, Libreville, quand l’appel à la prière se fit entendre. Les ventres gargouillants, ils s’empressèrent de rompre le jeûne avec des dattes comme le veuille la Sunna, avant d’accomplir “Salat Al Djamaâ”. L’aboutissement ? Une “réunion” de luxe autour d’une table bien garnie. Les délices de Karim n’ont rien à envier à ceux des …Femmes.

Cette scène, sans relief dans l’acception ordinaire de la chose, s’approprie davantage de signifiance, quand les péripéties se déroulent dans “un monde lointain”.

Continuellement nostalgiques aux saveurs ramadanesques du “Bled”, les jeunes marocains établis à Libreville, célibataires, convient-il encore de le mentionner, se reconnaissent dans un nouveau “Lifestyle” fondé sur le dialogue des cultures. Sur l’éthique et le Soi.

Tout en restant (r)attachés à cet écrin qu’est la culture mère, notamment en mode chefs-cuisiniers, ils sont à la découverte de traditions différentes, dans un climat de partage avec les Musulmans du monde. Des croyants d’autres confessions pourraient également s’y inviter.

Réunis autour d’un thé à la menthe et des gâteaux marocains… Place aux causeries.

Apparemment satisfait de sa “prestation” culinaire, Karim (42 ans) ne cache guère qu’il est un vrai passionné de cuisine marocaine.

“La cuisine est mon fief. C’est pour moi un lieu de bonheur, de distraction et de dépassement de soi”, reconnaît le jeune fonctionnaire.

Il relève, néanmoins, ne pas avoir eu trop souvent l’occasion de s’y investir, alors qu’il vivait avec sa famille.

“Désormais, je me délecte plus, quand j’envoie les photos d’une table de Ftour bien rangée à ma mère”, relève-t-il les yeux grand ouverts, constamment fixés sur la table. “La soupe marocaine !”, s’étonna la maman.

Cependant, Karim affirme que Ramadan dans un pays autre que le sien, particulièrement au Gabon, est bien plus que “manger”.

“C’est une occasion qui ne se présente que rarement pour constater de si près la manière dont les Musulmans du monde abordent ce mois béni. Pour goûter à la souffrance des pauvres et nécessiteux qui manquent continuellement de nourriture et d’eau potable”, dit-il.

Abdelhamid (Abdo), un commerçant installé au Gabon depuis 5 ans, préfère s’attarder, comme à l’accoutumée, sur son récit épique depuis son premier jour au pays des Panthères. Et ça commence dès son atterrissage !

Un disque, certes rayé. Mais ses amis éprouvent, pas pour si longtemps, un grand plaisir à tenter de saisir. En vain !

Sa naïveté l’emporte sur son ressassement… Et sur les événements qui ne cessent de changer du jour au lendemain !

Essadik est le plus sage de la “cour”. Célibataire malgré lui, après le retour de sa femme au Maroc, cet homme de 56 ans est celui que “tout le monde” aime entendre parler.

Il place les bonnes lettres sur les bonnes grilles. Un vrai verbicruciste.

Pour lui, Ramadan est une précieuse occasion que Dieu offre à l’Homme. Celle-ci peut se renouveler comme elle peut ne plus avoir lieu.

Quoi qu’il en soit, poursuit-il, le plus important est de tirer profit de cette expérience, humaine en l’occurrence, pour multiplier les bonnes œuvres et essayer de comprendre le “fameux” multiculturalisme.

“Il faut entreprendre un travail constant d’intégration et surmonter la barrière de la diversité, le sentiment, parfois pesant, de l’isolation, apprendre une nouvelle gestion financière et réfléchir sur un système de santé différent”, explique ce bigorixique.

Le temps des “tarāwīḥ” arriva. Les Musulmans rejoignirent la Grande Mosquée Hassan II.

Marocains, Tunisiens, Mauritaniens, Sénégalais, Maliens, Burkinabè, Indiens, Pakistanais… Tous les fidèles de Libreville se rallient dans ce monument historique et culturel, qui ne cesse de promouvoir les valeurs de tolérance et d’humanisme prônées par l’Islam.

Il contribue au rayonnement de la Sainte Religion au Gabon et au-delà.

Pendant le Ramadan, mais pas que, la Grande Mosquée Hassan II fait souvent salle comble, en l’occurrence lors des “tarāwīḥ”.

Djellaba, Foukia… dessinent un cadre déjà majestueux. L’odeur du musc en rajoute une couche de spiritualité, “soulevée” par la belle voix de l’Imam marocain venu au Gabon pour la noble cause.

Après la prière, des liens solides se nouent, des amitiés naissent.

La soirée se poursuit en plein air, autour d’un café, avant que chacun ne rejoigne son domicile pour se préparer à la journée du lendemain.

Telle fut une journée ramadanesque d’un célibataire au Gabon… Ou presque !

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