Célébrée le 1er mai de chaque année, la fête du travail constitue une occasion pour la classe ouvrière de réaffirmer son adhésion effective et d’honorer son rôle de catalyseur de développement global. Cette journée est également une opportunité pour examiner la réalité de la situation de cette catégorie afin de capitaliser et optimiser les acquis, dans la perspective de l’amélioration de ses conditions socio-économiques.
Le 1er mai de cette année intervient sur fond d’une conjoncture économique difficile qui se traduit par un taux d’inflation élevé et une hausse des prix de certains produits, affectant considérablement le pouvoir d’achat des personnes à revenu limité en particulier. Or, cette réalité explique la prédominance des revendications relatives à l’augmentation des salaires de la classe ouvrière sur les slogans syndicaux brandis à l’occasion de la fête du travail.
A cet égard, la Confédération démocratique du travail (CDT) a choisi cette année comme slogan “Non à la destruction du pouvoir d’achat, à l’atteinte des acquis de la retraite et à la violation des accords sociaux”, la Fédération démocratique du travail (FDT) a brandi le slogan “L’amélioration des conditions matérielles des salariés comme levier essentiel pour l’État social”, tandis que l’Union marocaine du travail (UMT) a exhorté à arrêter “la série de hausses des prix et d’attaques contre le pouvoir d’achat de la classe ouvrière”.
Le 1er mai de l’année courante “intervient dans des circonstances très exceptionnelles caractérisées par la cherté de la vie et le coup porté au pouvoir d’achat de l’ensemble des salariés, des différentes catégories populaires et même des classes moyennes”, a souligné le secrétaire général de l’UMT, Miloudi Moukharik, ajoutant qu’il est déraisonnable que le gouvernement reste les bras croisés devant cette situation sous prétexte de la conjoncture internationale.
Dans une déclaration à la MAP, M. Moukharik a affirmé que le gouvernement “dispose de plusieurs mécanismes à même de soutenir le pouvoir d’achat, notamment la baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) liée à divers biens de consommation et services, ne serait-ce que partiellement et progressivement”.
Les partenaires sociaux sont conscients de ces enjeux et ils l’ont exprimé lors du round d’avril du dialogue social, au cours duquel ont été abordés les mécanismes à même d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens et de répondre aux aspirations de la classe ouvrière, outre la veille du gouvernement sur l’adoption d’un ensemble de textes législatifs importants, dont le Code du travail et la loi sur la grève, selon une approche participative.
L’amélioration des salaires a été une revendication fondamentale portée par les centrales syndicales (UMT, UGTM et CDT) lors de ce round comme moyen d’améliorer la vie quotidienne de la classe ouvrière face à la hausse des prix.
Dans ce cadre, M. Moukharik indique que l’UMT a appelé le gouvernement à revoir les tranches et à réduire l’impôt sur le revenu (IR) s’élevant à 38% que “les salariés paient de manière régulière et sans évasion”, estimant qu'”il est inconcevable que seuls les travailleurs supportent ce fardeau fiscal”, d’autant plus que les chiffres officiels montrent que 74% de l’ensemble de l’IR proviennent de l’impôt sur les salaires.
Dans le même contexte, il a souligné qu’il est temps pour le gouvernement de décider une augmentation générale des salaires de pas moins de 1.000 dirhams nets et une augmentation générale des pensions de retraite qui “sont considérées très maigres”, soulignant que “l’impôt sur la fortune est devenu une urgence pour consacrer la solidarité sociale”.
D’autre part, la réforme du régime des retraites est l’une des questions qui arrivent en tête des revendications de la classe ouvrière à l’occasion de la fête du travail. Au moment où le gouvernement affirme sa disposition à assurer la pérennité des caisses de retraite par des réformes structurelles et fondamentales tenant en compte l’intérêt de tous, les syndicats s’opposent au relèvement de l’âge de la retraite et à l’augmentation des prélèvements ou à la réduction des pensions.
Outre l’augmentation des salaires et la réforme des retraites, les syndicats réaffirment, à l’occasion du 1er mai, la nécessité de protéger les libertés syndicales au sein de l’entreprise et d’édicter des textes législatifs et réglementaires y afférents, notamment la loi sur la grève, la loi relative aux syndicats et le Code du travail.
Le 1er mai de cette année est marqué à la fois par les revendications de la classe ouvrière et l’appel au gouvernement à mener des réformes économiques assurant l’équilibre entre les salaires et les prix, et à trouver des solutions pratiques et efficaces pour faire face à la vague de hausse des prix.
MAP