“Et si l’Afrique réécrivait l’Histoire de l’Afrique ? Réalités, limites et perspectives de l’historiographie africaine” est l’intitulé d’un colloque international dont les travaux ont été ouverts, jeudi à l’Académie du Royaume du Maroc à Rabat, en présence d’une pléiade d’académiciens, chercheurs et historiens.
A l’ouverture de cette rencontre, le Secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, a livré un survol sur les différentes thèses expliquant la nécessité de se pencher sur l’Histoire multiséculaire de l’Afrique, afin de permettre aux peuples africains de parler d’eux-mêmes tout en “regardant l’autre”.
M. Lahjomri a indiqué que ce colloque vise à renforcer les liens entre les pays africains par l’échange, mettant l’accent sur l’importance de considérer le continent dans son entièreté et intégralité.
Soulignant l’urgence de mettre fin aux divisions binaires instaurées par les puissances occidentales, qui opposent une “Afrique noire” à une “Afrique blanche”, il a jugé essentiel de restituer une cartographie du continent, qui tient compte d’un nouveau narratif.
Selon lui, discuter du panafricanisme et en débattre est une réponse aux besoins d’une jeunesse qui réclame plus de liberté, précisant qu’il est aujourd’hui primordial de tendre l’oreille aux “voix africaines” et d’entamer une recherche profonde qui dépasse “la lecture terrienne” de l’Afrique, pour englober la diaspora et les îles, dans le but de “décentrer l’historiographie du continent”.
De son côté, le Secrétaire général du ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication-département de la communication, Abdelillah Afifi, a rappelé que ce colloque s’inscrit dans le cadre d’un partenariat entre l’Académie du Royaume du Maroc et le ministère, précisant que la célébration de Rabat, Capitale africaine de la culture, a été l’occasion pour favoriser le rayonnement du Royaume sur le plan continental et international, à travers un large éventail d’activités artistiques et culturelles.
Il a également mis en exergue la richesse et la diversité du patrimoine marocain, qui, à travers les siècles, a été irrigué par divers affluents, tout en gardant son ancrage africain.
Dans sa conférence inaugurale intitulée “Panafricanisme d’hier à demain”, Souleymane Bachir Diagne, professeur universitaire et philosophe sénégalais, a souligné la nécessité de “réécrire et d’écrire nous-mêmes” l’histoire africaine, relevant l’importance de s’unir et de lutter contre toute forme de division.
Il a insisté sur l’impératif de mettre un terme au mythe colonial hérité du philosophe allemand, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, selon lequel l’Afrique serait “sans histoire”, évoquant l’intérêt pour les Africains d’écrire une “histoire décoloniale” pour le continent et pour la diaspora africaine.
Articulant son propos sur le panafricanisme autour des continuités transsahariennes et transatlantiques, il a relevé l’importance d’étudier l’histoire intellectuelle africaine et d’écrire un nouveau narratif pour le continent, basé sur de nouvelles thèses.
Organisé les 25 et 26 mai, par l’Académie du Royaume du Maroc en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, ce colloque international vise à revisiter les différents aspects du panafricanisme, né de la volonté de plusieurs intellectuels africains qui, de retour dans leurs pays au milieu du XXe siècle après avoir étudié dans des universités européennes, américaines et russes, ambitionnent de redonner ses lettres de noblesse au continent et de revaloriser son histoire.
MAP
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