Le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mohamed Mehdi Bensaid, a annoncé, vendredi à Madchar Zniyed (province de Larache), le lancement de la procédure d’inscription de la compétition équestre MATA sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO.
“C’est avec un grand plaisir que je vous annonce aujourd’hui le lancement de la procédure d’inscription de la compétition équestre MATA sur la liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO, conformément à la vision éclairée de SM le Roi Mohammed VI, visant à valoriser le patrimoine culturel marocain à l’échelle internationale”, a souligné le ministre, qui s’exprimait à l’ouverture de la 11è édition du Festival équestre international de Mata, organisée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI.
M. Bensaid a affirmé qu’il sera procédé également à l’inscription de ce jeu de tradition ancestrale sur la liste du patrimoine immatériel de l’ISESCO.
“Le festival de Mata est l’occasion de rendre hommage à un patrimoine immatériel ancestral, dont nous sommes tous fiers”, a-t-il dit, soulignant que le ministère vise, à travers initiative, à faire découvrir au monde un jeu unique qui fait appel au courage et à l’intelligence de ceux qui s’y adonnent, vu qu’il s’agit d’un jeu de tradition ancestrale d’une région exceptionnelle, que les Jbalas l’ont baptisé du nom de Mata.
La cérémonie d’ouverture de cette manifestation culturelle, qui s’est déroulée en présence notamment du ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka, du ministre de l’Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, du wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mohamed Mhidia, et de nombre d’acteurs culturels et civils, a été marquée par la présentation des équipes équestres qui participent à la compétition du jeu populaire Mata et des shows folkloriques.
Ce festival, organisé par l’Association Alamia Laaroussia pour l’action sociale et culturelle, en partenariat avec le Festival international de la diversité culturelle de l’UNESCO, vise à préserver un patrimoine équestre ancestral de la région du Nord, contribuer au développement économique et touristique, et à promouvoir les produits du terroir et de l’artisanat de la région.
A l’instar des précédentes éditions, un programme riche en activités est prévu sur place. Pendant les 3 jours de l’événement, invités et visiteurs nationaux et internationaux pourront voyager dans l’histoire, grâce à la compétition de tradition ancestrale “MATA”, et découvrir les expositions des produits du terroir et de l’artisanat marocain.
Selon les organisateurs, les paysans autour du Jbel Allam accueillaient le printemps en pratiquant un jeu particulièrement original qui fait appel au courage, à l’adresse, à la souplesse, à la délicatesse, à l’intelligence et à la finesse de ceux qui s’y adonnent, notant qu’il s’agit d’un jeu où cheval et cavalier, en parfaite symbiose, célèbrent une complicité légendaire et surtout la culture ancestrale d’une région extraordinaire.
Cette tradition est, aujourd’hui encore, jalousement préservée par les tribus de Bni Arous et les règles du jeu scrupuleusement respectées.
Après le criblage des champs de blé, au village d’Aznid d’abord, puis dans d’autres par la suite, jeunes filles et femmes de la tribu à qui on confie cette opération l’accompagnent de leurs chants, de leurs youyous et de leurs fameux a ‘iyou’, au son des ghaitas et des tambours spécifiques à la région.
Ce sont ces mêmes femmes qui fabriquent, à l’aide de roseaux et de tissus, la poupée que vont se disputer les plus braves cavaliers de Jebala, région où l’art de monter les chevaux, de les élever et de les dresser est une forte spécificité culturelle.
Les cavaliers qui participent au jeu “MATA” doivent monter à cru, habillés des jellabas et amamas ancestraux. Selon la tradition orale, le vainqueur du jeu “MATA” est celui qui, usant de son adresse et de sa hardiesse, saura arracher la poupée aux autres cavaliers et l’emporter au loin. Une suprême récompense lui est alors attribuée : On le marie à la plus belle fille de la tribu.
Le jeu “MATA” est probablement inspiré du Bouzkachi, un jeu similaire mais plus violent, importé, selon la légende, par Moulay Abdeslam lbn Mashich lors de sa visite à Ibn Boukhari. Le bouzkachi pratiqué en Afghanistan a pour enjeu le cadavre d’une chèvre que se disputent les cavaliers dans des joutes brutales qui font de nombreux blessés.
Ce rendez-vous annuel célèbre une culture ancestrale par laquelle s’exprime le sens de l’honneur réhabilité, la foi enracinée, le patriotisme comme école soufie et les valeurs spirituelles et universelles; tout l’héritage humaniste légué par le grand Quotb Moulay Abdeslam Ibn Mashich aux Chorfas Alamiyines, à la Tarika Mashichiya Shadhiliya et aux habitants de cette région exceptionnelle.
MAP