La Russie annonce la fin des garanties sécuritaires liées à l’initiative céréalière en mer Noire

Publié il y a 1 an

La diplomatie russe a annoncé, lundi, la fin des garanties sécuritaires liées à l’initiative céréalière en mer Noire, qui expire à minuit faute d’avoir été renouvelée.

“Conformément au paragraphe H de l’accord, la partie russe s’oppose à sa nouvelle prolongation (…). Cela signifie le retrait des garanties pour la sécurité de la navigation, la suppression du couloir humanitaire maritime, la restauration d’une zone sécuritaire au nord-ouest de la mer Noire et la dissolution du Centre de coordination conjointe (CCC) d’Istanbul”, selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.

Sans la participation de la Russie, “l’Initiative de la mer Noire” cesse de fonctionner à partir du 18 juillet, lit-on dans le document, qui a qualifié de “décevante” la mise en oeuvre des différentes dispositions de cet ensemble de deux accords parrainés par les Nations unies et la Turquie et conclus séparément avec Kiev et Moscou en juillet 2022.

“Dans des conditions de sabotage flagrant dans la mise en œuvre des accords d’Istanbul, la poursuite de l’initiative de la mer Noire (…) perd son sens”, a poursuivi la diplomatie russe, notant que toutes les parties concernées ont été officiellement informées de la décision de la Russie de ne pas renouveler l’initiative qui permis de transporter plus de 32 millions de tonnes de denrées alimentaires vers 45 pays sur trois continents, selon les chiffres de l’ONU.

Sur ce point, le communiqué a souligné que “les objectifs humanitaires déclarés de l’initiative n’ont pas été respectés”, en ce sens que l’exportation de denrées alimentaires ukrainiennes “est presque immédiatement passée à une base purement commerciale”.

“Les faits et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Depuis le lancement de l’initiative céréalière de la mer Noire, 32,8 millions de tonnes de marchandises ont été exportées, dont plus de 70% (26,3 millions de tonnes) vers des pays à revenu élevé ou moyen supérieur”, a estimé la diplomatie russe, précisant que les pays les plus pauvres ont reçu “moins de 3% de ces denrées, soit un total de 922.092 tonnes”.

L’autre grief avancé par le ministère russe des AE réside dans le fait que le corridor dédié au transport des produits céréaliers de l’Ukraine vers la Turquie a été utilisé pour mener “des provocations et des attaques” contre des installations civiles et militaires russes, sous le couvert de l’initiative céréalière en mer Noire

“Les ports contrôlés par l’Ukraine et le couloir de sécurité ouvert par la Russie pour l’exportation des céréales ukrainiennes ont été utilisés pour mener des attaques terroristes en violation de l’esprit et de la lettre de l’initiative de la mer Noire”, peut-on lire dans le communiqué, selon lequel “aucune des cinq conditions stipulées dans le mémorandum Russie-ONU n’ont été réalisées”.

En avril dernier, Moscou avait conditionné la prorogation de l’accord à la réalisation de progrès concernant cinq exigences, allant de la reconnexion de la banque russe spécialisée dans l’agriculture Rosselkhozbank à la reprise du fonctionnement du pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa.

Or, une portion de cette infrastructure de près de 2.400 km de long a été détruite le 5 juin près de Massioutovka, un petit village dans la région de Kharkiv (nord-est de l’Ukraine). Un acte dont Moscou et Kiev s’accusent d’en être responsables, mais qui risque d’avoir un “impact négatif” sur l’avenir de l’accord céréalier, selon le Kremlin.

Lundi, le porte-parole de la présidence, Dmitri Peskov, a affirmé que Moscou prolongera l’accord sur les céréales dès que les dispositions concernant la Russie seront mise en œuvre.

“L’accord céréalier est arrêté. Lorsque la partie de l’accord sur la mer Noire concernant la Russie sera mise en œuvre, la Russie reprendra immédiatement la mise en œuvre de l’accord”, avait-il déclaré lors d’une téléconférence avec des journalistes.

Le dernier bâtiment concerné par l’accord céréalier, le navire Samsun, battant pavillon turc, a quitté le port ukrainien d’Odessa le 16 juillet dernier. L’initiative céréalière a été renouvelée en novembre, mars et mai.

MAP

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