La convergence entre les politiques urbaine et environnementale, levier des villes durables au Maroc

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La convergence entre les politiques urbaine et environnementale, levier des villes durables au Maroc

Tous les éco-urbanistes vous le diront : La protection de l’environnement en milieu urbain ainsi que la préservation de sa biodiversité ou encore l’intégration de la dimension environnementale dans la planification urbaine, sont nécessaires, voire vitales pour améliorer la qualité de vie et promouvoir une ville durable.

Pour ce faire, il s’agit de concevoir des politiques urbaines basées sur des études de terrain associant des écologistes et des responsables dans les départements concernés, notamment dans le domaine de l’aménagement du territoire ainsi que les autorités territoriales et ce, dans l’objectif de favoriser l’essor d’un urbanisme durable soucieux de la biodiversité en ville, notamment sur le plan de l’aménagement des espaces verts ainsi que la protection des oiseaux.

Sur ce registre, Abdeljebbar Qninba, chercheur à l’Institut scientifique relevant de l’université Mohammed V de Rabat souligne d’emblée l’importance de l’environnement et de la biodiversité dans les politiques urbaines à travers la plantation des arbres et l’aménagement de jardins publics et de parcs, notant dans une déclaration à la MAP que la poussée urbanistique au détriment des espaces verts représente une menace pour la biodiversité en ville en causant surtout la destruction des habitats naturels des animaux, notamment les oiseaux qui jouent un rôle majeur au sein de la biodiversité en s’attaquant aux insectes nuisibles et en disséminant des graines pour la pollinisation des plantes, outre l’aspect esthétique et apaisant pour les citadins au milieu du tumulte urbain.

Et de mettre en garde contre la spéculation immobilière et l’appétit vorace de certains promoteurs immobiliers qui représentent une sérieuse menace pour la biodiversité dans les villes et leur durabilité, privilégiant le béton qui gagne de plus en plus du terrain au détriment des espaces verts.

D’où, pour lui, l’importance de la sensibilisation ainsi que du rôle des habitants dans la promotion d’une meilleure qualité de vie comme cela a été le cas dans l’un des quartiers de Rabat où les résidents sont montés au créneau pour dénoncer le projet de création d’un parking au lieu et place d’un jardin public.

Il tient aussi à relever que le programme de développement de Rabat initié sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI sous le signe ”Rabat, Ville Lumière, capitale culturelle du Maroc” a grandement contribué à l’essor de la capitale du Royaume sur les plans des infrastructures culturelles ainsi que les monuments historiques de la ville, accordant une importance toute particulière aux espaces verts.

Des acquis environnementaux et un formidable essor qu’il s’agit, selon lui, de préserver, avant d’observer que l’amélioration de la qualité de vie dans les villes et la promotion de l’éco-urbanisme nécessitent une vision globale avec à l’appui des études conciliant planification urbaine et environnement et aussi l’implication des associations, outre la promotion d’une formation universitaire spécialisée ainsi qu’une réglementation contraignante fixant la superficie verte obligatoire dans les lotissements.

Concernant les opérations de plantation des arbres d’ombrage dans les villes côtières marocaines notamment à Rabat, Casablanca et Tanger, cet expert en environnement et en écologie met en garde contre les effets néfastes sur les plans environnemental, socio-économique et historique du remplacement des arbres d’ombrage par les palmiers, indiquant que cela provoque le réchauffement et prive les gens d’un refuge ombragé.

En revanche, il recommande la plantation des palmiers dans les régions du Sud-Est du Royaume qui font partie du paysage depuis des milliers d’années, citant pour exemple Marrakech où le palmier existe depuis la fondation de la ville par les Almoravides.

Il poursuit en notant l’existence d’un type d’arbres adaptés au climat de Rabat (Chêne-Liège, Genévrier) tout comme à Essaouira plus connue par son arganier, ce qui, selon lui, favorise l’harmonie et la beauté authentique des villes.

Cet ornithologue, co-auteur des livres ”Oiseaux du Sahara Atlantique Marocain” et ”Oiseaux du Maroc”, tient enfin à faire remarquer que le nombre d’oiseaux qui construisent leur nid dans les arbres ombragés est beaucoup plus important que celui des volatiles qui le font dans les palmiers.

Toujours sur ce registre, l’universitaire Rhimou El Hamoumi, présidente du groupe de recherche pour la protection des oiseaux au Maroc GREPOM/BirdLife Maroc, met en avant l’importance de la biodiversité en milieu urbain qui va s’affirmer dans les années 80, préconisant elle aussi une actualisation de la réglementation en la matière pour mieux préserver les espaces verts et les lagunes face à la forte poussée urbanistique tout en recommandant l’instauration de corridors biologiques.

Évoquant l’aménagement des jardins publics et des parcs ainsi que la plantation d’arbres le long des chaussées, elle confie à la MAP que cette opération devrait être réalisée dans le respect des spécificités de chaque ville et aussi dans le respect de l’environnement, soutenant que la plantation contre-nature des palmiers en dehors des oasis peut avoir des effets contraires sur l’environnement en milieu urbain, notamment en raison de leur faible capacité à décarboner l’atmosphère ou encore à offrir un ombrage généreux.

Pour cette coordonnatrice du Master Gestion de l’environnement et développement durable à la faculté des sciences Ben M’sik-Université Hassan II de Casablanca, la diversité des espèces d’arbres dans les villes contribuent pour beaucoup à l’embellissement des espaces verts et des boulevards, pour le grand plaisir des habitants en proie au stress urbain, ajoutant à cela, le rôle des arbres ombragés dans la dépollution, l’adoucissement du climat ou encore en tant qu’habitat naturel des oiseaux qui jouent un rôle majeur dans le maintien de l’équilibre écologique.

Elle tient enfin à mettre en garde contre l’utilisation des insecticides dans les jardins publics en raison de leurs effets indésirables sur la chaîne alimentaire de nombreuses espèces d’oiseaux pouvant même entraîner leur disparition, appelant à prendre en ligne de compte tous les paramètres de la biodiversité dans la réalisation et la gestion des espaces verts et non pas se contenter du seul aspect esthétique et ce, pour favoriser l’épanouissement des oiseaux insectivores.

MAP


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