MEDays 2023 : la coordination des politiques, une étape préliminaire à la gestion cohérente de la migration (panel)

Publié il y a 10 mois

La coordination des politiques au niveau mondial représente une étape préliminaire à une gestion migratoire cohérente, ont indiqué les participants à un panel, organisé samedi à Tanger, dans le cadre du Forum international MEDays.

Ce panel, tenu sous le thème “Crises migratoires et coopération multidimensionnelle : Au-delà des frontières de l’approche sécuritaire”, a été l’occasion pour les intervenants de souligner que la question migratoire doit être en tête des priorités euro-méditerranéennes, notamment dans ce contexte d’incertitude économique.

Les intervenants ont également mis l’accent sur l’importance de transformer les itinéraires et trajets dangereux en itinéraires réguliers afin de lutter contre la traite des êtres humains et assurer une migration sûre et régulière.

Dans ce sens, l’avocat international et membre du Bureau national de l’Ordre des avocats du Maroc, Omar Bendjelloun, a fait valoir que le gap qui existe aujourd’hui entre les aspirations et les réalisations effectives en matière de lutte contre la migration non organisée ainsi que la montée en flèche de la migration clandestine “témoignent des écueils des politiques migratoires”.

Il a ainsi souligné que l’approche strictement régulatrice de la migration n’est pas suffisante pour limiter les mouvements migratoires, expliquant que la question de la dette des pays est un facteur qui entrave profondément les investissements dans les pays émetteurs de la migration, ce qui impacte l’employabilité.

S’agissant du détournement des voies légales, M. Bendjelloun a estimé que “le processus de restriction sur le nombre de visas s’est avéré un moyen inefficace pour contrôler les flux d’immigration, en témoigne le nombre accru des immigrés à la fois clandestins et légaux”.

Après avoir passé en revue les principales caractéristiques des mouvements migratoires en Afrique, il a relevé que le Maroc est passé dernièrement d’un pays émetteur à un pays récepteur des immigrés.

Pour sa part, la représentante spéciale de l’Union européenne pour le Sahel, Emanuela Claudia Del Re, a pointé du doigt les réseaux d’exploitation de migrants, plaidant pour une approche holistique qui se concentre sur les causes profondes de la migration, tout en aidant les pays, à l’origine du phénomène, à développer l’employabilité et la sécurité économique et politique avant tout.

“Il est de plus en plus urgent de trouver un terrain d’entente entre la question migratoire et les guerres et de mettre fin aux discours politiques négatifs”, a-t-elle dit.

De son côté, le consultant international en relations internationales, défense et sécurité, ancien ministre des affaires étrangères et des communautés et ancien ministre de la défense du Cap-Vert, Luís Filipe Tavares a estimé que la politique migratoire de l’Union Européenne nécessite davantage de coopération avec les pays tiers, les régions concernées par le phénomène de la migration et les organisations internationales.

Selon lui, le renforcement de la coopération internationale et des partenariats mondiaux en matière de lutte contre la traite des êtres humains et la prise en considération des droits de l’homme, constituent une approche intégrée et multidimensionnelle pour la gestion de la crise migratoire.

“Le problème de gouvernance, de corruption et de mauvaise gestion des ressources humaines fait que les citoyens perdent espoir dans leur pays”, a-t-il relevé, ajoutant qu’il faut que toute action de gestion de la crise migratoire prenne en compte les problèmes à l’origine de ces mouvements et garantisse les droits des individus tout au long du processus migratoire.

L’ancien ministre des affaires étrangères de la République du Burkina Faso, Alpha Barry, a quant à lui, mis l’accent sur les solutions internes, appelant à faciliter l’accès au financement au profit des jeunes porteurs de projets.

Il a rappelé que le manque d’infrastructures de base est le principal élément qui entrave le développement.

Organisée par l’Institut Amadeus, cette édition du Forum MEDays, qui se tient, du 15 au 18 novembre, sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, réunit plus de 200 intervenants de très haut niveau, parmi lesquels des chefs d’État et de gouvernement, des décideurs politiques, des chefs de grandes entreprises internationales et des personnalités internationales de premier plan venus d’une centaine de pays.

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