COP28 : Cinq questions à l’expert international en questions environnementales, El Khalil Cherif

COP28 : Cinq questions à l’expert international en questions environnementales, El Khalil Cherif

A la veille de la COP28, l’expert international en questions environnementales, El Khalil Cherif, a accordé un entretien à la MAP dans lequel il a souligné que le Maroc a entrepris des actions significatives à travers sa Contribution déterminée au niveau national (CDN) pour répondre aux défis urgents du changement climatique, faisant observer que le Royaume progresse activement vers un avenir plus durable.

Il a, cependant, relevé que des défis subsistent et que le ralentissement économique, accentué par la crise sanitaire de 2020, montre l’importance d’une relance économique à long terme intégrant la durabilité et la résilience climatique.

1. En tant que spécialiste, quel regard portez-vous sur l’engagement du Maroc en faveur des questions climatiques ?

Le Maroc a entrepris des actions significatives à travers sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN) pour répondre aux défis urgents du changement climatique. Les réalisations démontrent un engagement profond en faveur du développement durable et de la résilience climatique.

La diversification des sources d’énergie est un pilier central de cette contribution, avec des objectifs ambitieux visant à atteindre 52% de la puissance électrique installée à partir de sources renouvelables d’ici 2030. Ces efforts positionnent le Maroc en tant que leader régional dans la transition énergétique.

La CDN-Maroc ne se limite pas à l’électricité. Le secteur industriel, en particulier les phosphates, joue un rôle central, représentant 27,5% des objectifs nationaux d’atténuation d’ici 2030. Cette approche globale souligne la nécessité d’une décarbonation étendue de l’économie pour des résultats durables.

Dans le domaine de l’agriculture, la CDN vise à moderniser le secteur, augmenter le PIB agricole et améliorer les revenus des agriculteurs. Des programmes tels que la plantation, la promotion de l’agriculture biologique et une gestion efficace des ressources naturelles sont au cœur de ces initiatives, contribuant ainsi à renforcer la résilience face au changement climatique.

Le secteur des transports est également une priorité, avec des objectifs visant à réduire la consommation d’énergie et à mettre en place des moyens de transport public urbain alimentés par des énergies renouvelables.

La gestion des déchets est un autre aspect essentiel de la CDN, avec des objectifs spécifiques de recyclage et de valorisation énergétique. Ces initiatives ne visent pas seulement à réduire les émissions, mais contribuent également à promouvoir des pratiques durables, créant ainsi des emplois verts et stimulant l’économie circulaire.

Dans le domaine maritime côtier, le Maroc a une vision globale grâce à l’application de la vision économique bleue et ses ambitions, incluant la création de nouveaux projets respectueux de l’environnement, l’augmentation de la production maritime sans surexploitation des ressources et la création d’emplois liés à l’économie bleue pour les jeunes.

2. Comment évaluez-vous les résultats obtenus dans le cadre de la CDN-Maroc ?

Des défis subsistent, notamment la perception tangible des changements climatiques avec une réduction des précipitations, une augmentation des températures et une accentuation de l’aridité. Le ralentissement économique, accentué par la crise sanitaire de 2020, souligne l’importance d’une relance économique à long terme, intégrant la durabilité et la résilience climatique.

Pour garantir le succès continu de ces initiatives, la coordination efficace entre les différentes politiques, programmes et réformes est cruciale. Le Maroc devra également maintenir un suivi rigoureux des progrès, en particulier avec la mise en œuvre de la plateforme MRV, pour ajuster et adapter ses stratégies en fonction des évolutions climatiques et économiques.

Le Maroc progresse activement vers un avenir plus durable, mais une vigilance continue et une adaptation agile aux nouveaux défis seront essentielles pour assurer le succès à long terme de sa lutte contre le changement climatique.

3. La COP28 approche. Quel est le corollaire de cette rencontre planétaire vis-à-vis des objectifs tracés par le Maroc ?

La COP28 est une plateforme mondiale propice au partage de connaissances, au réseautage et à la promotion de solutions concrètes pour lutter contre le changement climatique.

Les bénéfices potentiels pour le Maroc sont multiples: tout d’abord, en partageant des informations sur des sujets tels que la qualité de l’eau côtière, l’océanographie et les applications d’apprentissage automatique. Le Maroc pourrait bénéficier de solutions novatrices et adaptées à ses défis climatiques spécifiques, notamment dans la préservation des ressources marines et la gestion des impacts du changement climatique sur les zones côtières.

En développant des liens avec des experts du climat, des décideurs politiques et des chercheurs du monde entier, le Maroc pourrait établir des partenariats fructueux pour des projets collaboratifs. Ces collaborations pourraient contribuer à renforcer les capacités nationales dans divers domaines liés au climat, tels que l’adaptation, la résilience côtière et la transition vers une économie bas-carbone.

Le plaidoyer actif en faveur de la participation des jeunes pourrait également inspirer et mobiliser une nouvelle génération de leaders climatiques au Maroc. En favorisant l’inclusion des jeunes dans les discussions et les prises de décision, le Royaume pourrait bénéficier d’une perspective renouvelée et de l’énergie nécessaire pour mettre en œuvre des initiatives climatiques durables.

En résumé, la participation à la COP28 pourrait apporter au Maroc des avantages tangibles, tels que l’accès à des solutions innovantes, le renforcement des collaborations internationales et la mobilisation des jeunes pour une action climatique plus efficace.

4. Un récent rapport de l’ONU note que les progrès réalisés au niveau international restent insuffisants et que la COP28 doit préparer le terrain pour une action immédiate. Partagez-vous cette préoccupation ?

Le rapport de l’ONU souligne la nécessité pressante d’une action immédiate. Bien que des progrès aient été réalisés, il est clair que nous devons intensifier nos efforts collectifs pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux. La COP28 offre une plateforme cruciale pour catalyser cette action immédiate en consolidant des engagements plus forts et des plans d’action plus audacieux.

5. Dans vos programmes de recherche, vous travaillez sur plusieurs questions environnementales. Voulez-vous bien nous en dire plus ?

Effectivement mes travaux de recherches englobent plusieurs secteurs liés à l’environnement, notamment la conservation des océans, l’adaptation au changement climatique, les technologies innovantes, l’engagement des jeunes, la collaboration internationale, l’éducation et la sensibilisation et la réduction des émissions.

MAP


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