Les crimes de blanchiment d’argent liés au transfert de fonds illicites ou la dissimulation de leur provenance dans l’objectif de les intégrer dans le circuit financier légal menacent le tissu économique et social et le développement durable, a affirmé jeudi, à Marrakech, le Procureur général du Roi près la Cour de cassation, président du Ministère public, El Hassan Daki.
“Ce type de crime est désormais lié à des crimes non moins graves, tels que le trafic de migrants qui provoquent des tragédies humaines et constituent parfois une porte d’entrée vers le crime de traite des êtres humains, qui porte atteinte à la dignité et l’humanité des individus en les exposant de façon horrible à diverses situations d’exploitation”, a relevé M. Daki lors des travaux d’une rencontre organisée par la Présidence du Ministère public avec le soutien de l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM), en marge de la 3ème réunion annuelle de l’Association des procureurs généraux arabes.
“Aujourd’hui, nous vivons dans un monde en perpétuel mouvement et dans lequel il n’y a pas de limites aux flux d’argent et aux transactions commerciales et économiques, qui est un résultat naturel du niveau de croissance économique mondiale en tant que l’une des aspects de la mondialisation, mais qui d’un autre côté, a engendré des phénomènes criminels dangereux transfrontaliers, qui entravent les efforts de développement et d’investissement”, a expliqué M. Daki.
Dans ce cadre, il a souligné que la criminalité financière en général se caractérise par une certaine complexité, étant donné que les crimes de blanchiment d’argent restent plus complexes et, par nature, échappent aux domaines de la preuve pénale classique, compte tenu de l’implication de plusieurs parties dans leur perpétration et le recours à plusieurs méthodes et approches pour camoufler la provenance illicite de fonds.
“Conscient des dangers et des défis posés par ce type de criminalité, le Royaume a adopté une politique pénale basée sur la prévention de ces crimes, la protection de leurs victimes et la condamnation de leurs auteurs, rappelant à cet égard la promulgation de textes législatifs qui assurent la dissuasion et le développement de mécanismes institutionnels nationaux nécessaires pour lutter et prévenir le crime de blanchiment d’argent, outre l’adhésion du Ministère public dans la mise en œuvre des recommandations du Groupe d’action financière du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (GAFIMOAN), à la lumière du processus d’évaluation mutuelle qu’a subie le Maroc et en mettant en œuvre toutes les mesures contenues dans le plan d’action élaboré par ce groupe”, a insisté M. Daki.
Par ailleurs, il a tenu à rappeler que Sa Majesté le Roi Mohammed VI ne cesse de réaffirmer dans Ses discours, l’importance du renforcement de la coopération et du partenariat entre les pays en tant que meilleur moyen pour faire face aux différents phénomènes criminels qui menacent la sécurité des sociétés.
“Cette rencontre constitue une occasion appropriée pour présenter des idées et échanger des points de vue sur les moyens de renforcer la coordination entre les institutions des ministères publics et les Procureurs généraux dans le domaine de la lutte contre le blanchiment d’argent, le trafic de migrants et la traite des êtres humains, mettre en lumière les efforts des pouvoirs judiciaires dans ce domaine, partager les meilleures pratiques et échanger des expériences dans ce domaine, et proposer des solutions et formuler des recommandations de nature à ouvrir des perspectives prometteurs pour la coopération entre les pays arabes afin de lutter contre les risques de criminalité dans toutes ses formes.
Cette rencontre vise à tirer parti des mécanismes de coopération judiciaire entre les pays arabes afin de parvenir à une lutte efficace contre la criminalité sous toutes ses formes et renforcer la communication entre les ministères publics dans les pays arabes au service d’une justice pénale efficace et du renforcement des capacités techniques des membres des ministères publics, dans le but de lutter contre la criminalité, en particulier dans le domaine de la lutte contre les crimes de corruption.
Initiée sous le thème “Les efforts des Procureurs généraux dans les pays arabes pour lutter contre les crimes de corruption : blanchiment d’argent, trafic de migrants et trafic d’êtres humains – Défis et contraintes”, cette conférence aborde des sujets d’une grande actualité, visant à mettre en valeur les efforts des Procureurs généraux dans les pays arabes dans le domaine de la lutte contre le crime de blanchiment d’argent en relation avec le trafic de migrants, et la traite des êtres humains, ainsi que l’échange d’expertise et d’expériences arabes et internationales et le partage des meilleures pratiques dans ce domaine.
MAP