Le mois sacré du Ramadan est bien plus qu’une période de jeûne et de prière. Pour de nombreux Marocains, c’est surtout l’occasion d’accomplir un rituel profondément significatif, la Omra. Un périple religieux qui, en plus de son importance spirituelle, joue un rôle majeur dans l’industrie touristique et aérienne.
Bien que ce pèlerinage puisse être accompli à tout moment de l’année en dehors de la saison du Hajj, le mois sacré reste la période privilégiée, voire même l’apogée, pour les fidèles. C’est aussi une période de rush pour les agences de voyages, d’où la dimension économique de ce circuit aux Lieux Saints.
Les voyagistes, proposant des offres de plus en plus concurrentielles, doivent garantir aux pèlerins la disponibilité des transports, la facilitation des formalités administratives, l’hébergement et la sécurité. Une tâche apparemment complexe, mais qui s’avère très lucrative.
Cependant, pour proposer des offres abordables aux pèlerins, les tour-opérateurs investissent des sommes colossales, en millions de dirhams, plusieurs mois à l’avance pour sécuriser les forfaits auprès des compagnies aériennes et des hôtels. Et il arrive que la demande ne soit pas à la hauteur des engagements.
Cette année, les choses semblent se dérouler comme prévu pour les voyagistes. Bien que la demande soit inférieure à celle de l’année précédente, elle est tout de même au rendez-vous, selon Khalid Benazzouz, vice-président de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAVM).
En ce qui concerne les prix, il affirme que les frais liés au petit pèlerinage peuvent considérablement augmenter pendant cette haute saison, soulignant que la formation des prix dépend exclusivement des services souhaités par le client. Il indique toutefois qu’un budget moyen de 25.000 dirhams est nécessaire pour un voyage économique.
Le voyagiste explique que l’augmentation des tarifs et le léger déclin de l’enthousiasme sont attribuables à la hausse des prix du transport, ainsi qu’aux mécanismes économiques liés à l’inflation, affectant le pouvoir d’achat. L’année dernière, la dynamique était portée par l’effet de rattrapage suite à la levée des restrictions liées au Covid, a-t-il noté.
À ce scénario, il ajoute un changement de comportement des pèlerins depuis la levée de toutes les restrictions périodiques, avec l’émergence de “pèlerins solo” planifiant leurs voyages en dehors des circuits organisés par les agences de voyage. Une démarche indépendante qui grignote des parts de marché aux voyagistes. Par ailleurs, M. Benazzouz assure que les agences de voyages ne ménagent aucun moyen pour offrir la meilleure expérience de pèlerinage à leurs clients. Il précise que, pour maintenir une certaine dynamique commerciale, les tour-opérateurs excluent même certaines charges relatives à l’accompagnement des voyageurs des frais facturés aux clients. Alors que les tarifs peuvent atteindre jusqu’à 60.000 dirhams pour des forfaits “sur mesure” incluant un hébergement classé à proximité des lieux de pèlerinage avec navette de transport privée, M. Benazzouz assure que tous les clients bénéficient du même niveau de service, de leur départ jusqu’à leur retour, avec une assistance médicale et l’accompagnement de guides spécialisés.
À ce jour, rien n’est encore gagné sur le plan commercial, affirme le professionnel qui est aussi président de l’Association régionale des agences de voyages de Casablanca-Settat (ARAVCS), soulignant que la dernière quinzaine du Ramadan attire généralement un pic de pèlerins. Il n’en demeure pas moins que la planification anticipée des voyages est essentielle pour profiter des meilleures offres et prévenir les désagréments liés aux réservations.
Loin de diluer la sacralité de ce rite, la dimension commerciale entourant la Omra joue un rôle essentiel dans le maintien des agences de voyages, qui emploient des milliers de personnes et dynamisent le secteur du tourisme national. Quels que soient les revenus générés pendant la période actuelle de la Omra, l’approche du Hajj offre une perspective optimiste pour les voyagistes.
Il est à rappeler que le gouvernement saoudien a mis en place un plan visant à augmenter la capacité d’accueil des Lieux Saints à 30 millions de visiteurs pour accomplir la Omra et à 5,4 millions au titre du Hajj en 2030. Le nombre de pèlerins ayant accompli la Omra s’est élevé à 13,55 millions durant le mois de Ramadan dernier.
MAP