La réalisatrice marocaine, Asmae El Moudir, a présenté cette semaine son film “The Mother of All Lies” à Pully, dans la banlieue de Lausanne, devant un public suisse enthousiaste à l’idée de découvrir une expérience cinématographique inédite, offrant une vision sociale et culturelle différente.
C’est un nouveau jalon dans le parcours de ce film qui a voyagé à travers les continents, suscitant l’intérêt des différentes sensibilités.
La projection du long métrage s’inscrit dans le cadre d’une programmation dédiée à une sélection d’œuvres ayant rencontré un succès remarquable, notamment lors de la précédente édition du Festival de Cannes. Le public suisse aura ainsi l’opportunité de découvrir durant le mois de mars des films arabes tels que “Inshallah un fils” du Jordanien Amjad Al-Rashid et “Goodbye Julia” du Soudanais Mohamed Kordofani.
“The Mother of All Lies” est un film à la fois intime et personnel. Il explore de manière approfondie la mémoire individuelle et familiale de la réalisatrice, qui remonte à son enfance dans un quartier populaire de Casablanca, mais il se déploie également dans un contexte social et politique plus large du Maroc des années 80.
Le film, dans un mélange de documentaire et de fiction, ressemble à un atelier d’expression dans une maison où la grand-mère a imposé la loi du silence.
Avec une ambition artistique et technique, Asmae El Modir a tenté de redessiner les contours de son quartier, à travers des maquettes où la vie est insufflée par des miniatures de maisons et des statues minutieusement sculptées représentant les habitants, fabriquées à la main par son père avec l’aide des membres de sa famille et de ses voisins.
Ces sculptures expriment parfois ce que les personnes réelles ne peuvent pas divulguer, un interdit qui pèse sur les cœurs depuis les événements de 1981, qui ont vu la jeune Fatima disparaître, jusqu’à la construction de tombes individuelles pour les victimes dans le cadre des travaux de l’Instance équité et réconciliation.
Et comme les héros du film sont les véritables protagonistes de l’histoire de la famille d’Asmaa El Moudir, il incombe à cette dernière de relever le défi de diriger une production artistique très spéciale, exigeant patience et observation pour déployer une structure dramatique avec un niveau supérieur de réalisme et de spontanéité.
‘’The Mother of All Lies a été une véritable révélation esthétique’’, a indiqué, dans une déclaration à la MAP, Anne Delseth, la programmatrice qui a présenté le film au public suisse, après une expérience antérieure avec le documentaire “Carte Postale” de la même réalisatrice.
Mme Delseth a affirmé avoir suivi l’évolution du projet jusqu’à son couronnement dans des festivals internationaux, notamment avec l’Étoile d’Or de la 20ème édition du Festival International du Film de Marrakech et le Prix “Un certain regard” au Festival de Cannes.
Le film dégage “une force immense tant sur le plan formel que sur le plan du contenu. C’est un tissu dramatique double où l’histoire personnelle et l’histoire collective se fondent harmonieusement”, a souligné Mme Delseth, active dans le domaine de la programmation pour le Festival International du Film de Marrakech et le festival “Visions du Réel” à Nyon en Suisse.
MAP
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