Le Maroc est plus que jamais appelé à mobiliser sa diaspora dans l’ensemble de ses chantiers et à développer une politique d’attractivité des compétences, a estimé à Oujda le président du Conseil de la Communauté marocaine à l’étranger (CCME), Driss El Yazami.
“Ce qui est certain aujourd’hui, c’est qu’il y a une compétition internationale acharnée pour les ressources humaines. Tous les Etats du monde se bataillent pour attirer les talents dans des domaines qualifiés et moins qualifiés”, a souligné M. El Yazami dans une interview à la MAP en marge de sa participation au 4ème Salon maghrébin du Livre d’Oujda qui s’est tenu du 17 au 21 avril.
Abordant le phénomène de retour des diasporas africaines, le président du CCME a relevé que “rien ne démontre que personne ne revenait avant, ni qu’il y a une accélération des retours avec la montée de l’extrême droite et de l’islamophobie”.
A cet égard, le Conseil s’apprête à publier, avec l’Université Internationale de Rabat (UIR), “une ethnographie des cadres marocains qui sont déjà revenus”, a-t-il précisé, tout en appelant à l’amélioration des conditions d’accueil pour une meilleure attractivité des talents.
M. El Yazami a d’autre part mis l’accent sur l’apport significatif des auteurs africains de la diaspora à l’élargissement et à l’enrichissement de l’imaginaire des pays d’origine qu’il qualifie d'”universel et globalisé”, relevant sous cet angle que le roman marocain s’écrit en arabe, un peu en amazigh, mais aussi en castillan, catalan, français, italien, allemand, anglais, flamand et néerlandais.
“Par ailleurs, c’est une littérature qui se féminise de plus en plus avec l’implication considérable des romancières”, a-t-il fait observer.
Selon le président du CCME, la culture, la littérature et la fiction avancent par la confrontation, le mélange avec d’autres imaginaires et le métissage. C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, l’un des principaux chantiers culturels du Royaume est celui de la traduction des ouvrages des langues étrangères vers l’arabe et l’amazigh afin d’en élargir le lectorat.
“A titre d’exemple, un des plus grands romans sur l’immigration a été publié en 1955 par feu Driss Chraïbi et n’a été disponible en arabe qu’en 2021. Ainsi pendant tout ce temps, les lecteurs arabophones ont été privés de cette richesse”, a-t-il noté.
Mettant en avant l’apport considérable de la diaspora dans la valorisation de la culture des pays d’origine, il a estimé désormais nécessaire pour les pays d’Afrique d’avoir “une politique africaine de l’immigration” et une “éthique africaine de l’accueil de l’Autre”.
Il a dans ce contexte insisté sur l’importance de l’Agenda africain sur la migration que SM le Roi Mohammed VI avait présenté en Sa qualité de Leader de l’UA sur la question de la Migration. Cet Agenda considère la migration comme un facteur de rapprochement entre les populations et les civilisations et tend à en faire un levier de co-développement, un pilier de la coopération Sud-Sud et un vecteur de solidarité.
MAP