Lutter contre le changement climatique, réduire l’utilisation des engrais, améliorer la fertilité des sols et conserver l’eau sont autant de challenges des agriculteurs marocains auxquels le biochar, charbon produit à partir de résidus végétaux de haute qualité, promet des solutions.
Présenté lors du 16ème Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM), le biochar (“bio” pour végétal, “char” pour charbon) commence à susciter l’intérêt des agriculteurs marocains pour ses vertus agronomiques qui en font un matériau prometteur pour l’agriculture durable et la lutte contre le changement climatique.
Selon la définition donnée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le biochar, qui ressemble à un copeau de charbon, est une matière organique, souvent issue de la biomasse, carbonisée par chauffage dans un environnement limité en oxygène, par pyrolyse, et utilisé comme amendement du sol.
Cette technologie promet l’amélioration de la fertilité du sol, la séquestration du carbone, en contribuant ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la dépollution des sols en détoxifiant ceux contaminés et la conservation de l’eau en améliorant la capacité du sol à retenir l’eau.
Le biochar, une technologie dite “à émissions négatives”, prend la forme d’une poudre noire ou de petits fragments, obtenus à partir de résidus de bois ou de cultures sèches, chauffés à environ 500 degrés, en évitant leur combustion et en l’absence d’oxygène pour extraire le carbone des végétaux.
Ce procédé industriel, appelé pyrolyse, permet d’extraire le carbone des végétaux. En effet, au cours de leur croissance, les végétaux captent le carbone présent dans l’atmosphère lors du processus de photosynthèse. Présenté comme un puissant puits de carbone, le biochar permet, ainsi, d’extraire le carbone contenu dans les végétaux pendant plusieurs centaines d’années, sans qu’il soit nocif pour les sols.
Dans une déclaration à la MAP, le Président Directeur Général d’Oleatech, Abdelali Zaz, a mis l’accent sur cette nouvelle technologie qui permet de restaurer la qualité des terres et aider à lutter contre le déficit hydrique, vu et qu’elle absorbe très bien l’eau.
“Le biochar permet également de fixer les nutriments et de les mettre à disposition des plantes, limitant ainsi le recours aux engrais”, a-t-il indiqué, notant qu’il permet également d’améliorer le PH des sols et de favoriser le développement de la vie microbienne, nécessaire à l’absorption des nutriments par les plantes.
Au Maroc, le biochar est en phase d’études en tant que solution potentielle pour répondre aux défis liés à la dégradation des sols et aux effets du changement climatique”, a fait savoir M. Zaz, notant que les perspectives sont prometteuses.
“Les essais en laboratoires présentent des indices positifs”, a précisé M. Zaz, mettant l’accent sur un projet pilote dans la région de Marrakech-Safi, sous la supervision de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) de Marrakech.
Actuellement, le biochar fabriqué à base des coques de café, est importé avec un prix très cher allant de 500 à 2.000 euros la tonne, a précisé M. Zaz.
Et de noter que l’adoption du biochar à grande échelle dépend de facteurs tels que la disponibilité de la biomasse pour sa production, le coût élevé des investissements nécessaires dans la recherche, la technologie et l’infrastructure.
Bien que le biochar présente de nombreux avantages, le recours à cette technique est limité notamment par le coût initial élevé, ce qui peut rendre son utilisation initiale coûteuse pour les agriculteurs et les autres utilisateurs.
Ces limites relèvent la nécessité d’une approche équilibrée et réfléchie de l’utilisation du biochar, en tenant compte à la fois de ses avantages potentiels et de ses implications à long terme.
MAP