À l’heure où l’Afrique est pointée du doigt comme “pourvoyeuse” de vagues de migrants légaux et illégaux, la thématique migratoire s’invite forcément dans la production cinématographique, avec son lot de drames, de guerres et de crises économiques.
Or, “Le Champ des Oubliés”, un film du jeune réalisateur Togolais Roger Gbekou, propose un autre angle pour aborder ce sujet, en invitant à repenser les motivations des migrants potentiels, dont l’espoir est de plus en plus focalisé sur un illusoire paradis européen.
Ce film de 122 minutes, projeté mardi, dans le cadre de la compétition officielle des longs-métrages de la 24ème édition du Festival international du cinéma africain à Khouribga (FICAK), s’attaque justement à cette problématique, avec la vision d’exhorter les jeunes à rester dans leurs pays d’origine.
Mawunyo, le protagoniste du film, est conscient des difficultés auxquelles sont confrontés ses semblables qui quittent leur village en Afrique pour s’installer en Europe. Convaincu du potentiel inexploité de son pays natal, il cherche à inciter les jeunes à investir leur énergie localement, plutôt que de chercher à partir à l’étranger. Ainsi, il élabore un plan qui les incitera à travailler sur place, tout en étant lui-même tenté par le désir de partir.
“Le Champ des Oubliés” fait référence à la réalité africaine où plusieurs jeunes rêvent de quitter leurs pays vers l’Europe” a indiqué, dans une déclaration à la MAP, le réalisateur togolais, ajoutant qu’il a voulu traiter “différemment” le sujet de l’immigration.
M. Gbekou a expliqué, par ailleurs, que les films africains, qui ont été souvent racontés et analysés par les Européens, ont plus que jamais besoin d’un “regard africain” à même de partager le vécu quotidien avec le reste du monde, notant que plusieurs jeunes réalisateurs togolais s’efforcent de promouvoir le 7e art au Togo et en Afrique en général.
Faisant part de sa joie d’avoir participé à ce festival pour la première fois, il a formé le vœu qu’un cadre de coopération puisse se réaliser dans le futur entre les centres cinématographiques marocain et togolais en vue de partager les expériences en la matière.
En prélude à cette projection, les cinéphiles ont suivi le court-métrage togolais “L’Assaut des Vagues” de Mathias Noussougnon, un film de 13 minutes qui traite des phénomènes environnementaux, notamment l’érosion du littoral au Togo.
Dans ce film, on assiste à de centaines de maisons entièrement emportées par l’océan, alors que d’autres résistent encore. La mer avance, emportant avec elle les traces du passé dans les esprits comme dans le paysage. La nature reprend ses droits.
Dans une déclaration similaire, Noussougnon a exprimé sa gratitude aux organisateurs du FICAK d’avoir honoré le cinéma togolais avec la projection de deux films, assurant que cette initiative témoigne de l’intérêt porté par le Maroc à la question de la promotion du 7e art dans le continent africain.
De son côté, la membre du jury de la compétition longs-métrages, Afifa Hassainate a souligné l’importance de la vocation africaine du FICAK qui met en avant les réalisations africaines.
Se félicitant du professionnalisme et des conditions de travail au sein du jury, elle a fait savoir que les délibérations se poursuivent au fur et à mesure pour départager les 14 films en compétition.
Axée sur “un cinéma conscient de son temps”, cette édition du FICAK 2024 entend valoriser et pérenniser les traditions cinématographiques africaines, en vue d’assurer au 7ème art africain le rayonnement qui lui sied de plein droit.
MAP