Festival de Fès des musiques sacrées du Monde: Madalena un chœur féminin qui revivifie une histoire oubliée
Le projet “Madalena”, chœur féminin des Pays d’Oc, présenté dans le cadre de la 27ème édition du Festival de Fès des musiques sacrées du monde, est une ode à la mémoire de Marseille et de ses traditions.
“Ce spectacle offre une immersion unique dans l’histoire oubliée de la Cantilène de Sancta Maria Magdalena, une œuvre perdue pendant plus de deux siècles et aujourd’hui remise à l’honneur par un chœur féminin aux voix envoûtantes”, a déclaré à la MAP, en marge du concert produit samedi soir à Jnan Sbil, Manu Théron.
M. Théron, qui conduit ce projet artistique, a fait observer que ce spectacle a offert au public un voyage unique à la redécouverte de la “Cantilène de Sancta Maria Magdalena”, expliquant que “malgré l’oubli progressif, Marie-Madeleine sainte protectrice pour les Marseillais, a été un pilier spirituel pendant des siècles, une figure de femme libre, puissante et douce”.
Cette œuvre, chantée pendant neuf siècles, a été oubliée au fil des révolutions et des changements, a-t-il renchéri, relevant que pour recréer la cantilène, il s’est appuyé sur des sources historiques et une édition critique du texte, offrant un aperçu de la langue provençale.
“C’était un travail de recherche, mais pas très long, les documents étant relativement accessibles dans nos archives”, a-t-il précisé.
Et d’ajouter que le provençal, “une langue simple et très accessible”, a permis au compositeur de créer une musique qui s’inspire de l’âme populaire et de l’histoire du texte.
“On ressent le mouvement des gens qui chantaient debout en marchant, depuis la cathédrale jusqu’à un oratoire. La musique est une invitation à se joindre à cette procession, à vivre ce moment unique d’hommage à Marie-Madeleine”, a poursuivi Manu Théron.
Évoquant ses projets futurs, Manu Théron a confié que le projet “Madalena” ne s’arrête pas à la “Cantilène”, l’ensemble ayant déjà élargi son répertoire avec l’inspiration des chants amazighs et envisage de nouvelles collaborations.
“Je pense qu’il manque des chansons à cette œuvre”, a-t-il estimé, révélant qu’il va continuer à enrichir le répertoire du groupe, en restant fidèle à la tradition et en s’ouvrant à de nouvelles influences.
De son côté, Laetitia Dutech, chanteuse et musicienne de l’ensemble “Madalena”, a mis l’accent sur la collaboration qui a donné naissance à cette œuvre.
“Manu a fait appel à 23 chanteuses populaires occitanes. Des femmes qui vivent et respirent la musique du sud de la France. Des femmes nourries par la tradition, la musique populaire et l’occitan, une langue minoritaire”, a-t-elle précisé, soulignant que le choix des choristes issues de la musique populaire, et non du chant lyrique, a été crucial pour l’esprit du projet.
“Manu Théron a attribué un solo à chacune, créant 23 couplets pour 23 chanteuses. On entend la particularité de chaque voix, le timbre, la langue, les accents. C’est une mise en valeur de notre culture à travers ce chant populaire”, a détaillé Mme Dutech.
Interpréter ce vieux chant populaire à l’occasion d’un grand festival qu’est le Festival de Fès des musiques sacrées du monde, a énormément de sens pour le groupe, lui permettant ainsi d’établir des rencontres notamment avec la culture amazighe, qui a donné à l’expérience une puissance particulière, s’est-t-elle réjouie.
Pour elle, l’ensemble “Madalena” s’est retrouvé en harmonie avec les chants et les percussions amazighs, créant une symbiose puissante et émouvante et un moment qui a renforcé la portée du projet et la beauté des voix.
“Madalena” est un voyage musical touchant, qui invite le public à redécouvrir un passé oublié, à célébrer la mémoire et à la transmettre aux générations futures, a-t-elle dit, précisant qu’il s’agit d’une initiative qui témoigne de la puissance de la musique à traverser le temps et à unir les cultures.
map
Conditions de publication : Les commentaires ne doivent pas être à caractère diffamatoire ou dénigrant à l'égard de l'auteur, des personnes, des sacralités, des religions ou de Dieu. Ils ne doivent pas non plus comporter des insultes ou des propos incitant à la haine et à la discrimination.