Adulé pour ses prouesses dans le monde des affaires et ses percées, à travers ses multiples compagnies, dans l’industrie des véhicules électriques, de l’aérospatial et de l’intelligence artificielle, le milliardaire américain Elon Musk ne cesse de provoquer le débat aux Etats-Unis et ailleurs.
Ses récentes prises de position laissent entrevoir, selon les observateurs, une “évolution politique” qui se confirme au fil des échéances et des événements qui marquent aussi bien la scène américaine qu’internationale.
A travers l’influent réseau social X (anciennement Twitter) qu’il a acquis en 2022 pour 44 milliards de dollars, le propriétaire de Tesla et de SpaceX a exprimé des positions qui ont surpris le landerneau politique et médiatique. Ces milieux se fiaient au progressisme “assumé” de Musk et à son adhésion aux “valeurs” libérales en économie mais aussi sur le plan social.
Jadis un fervent supporter du président démocrate Barack Obama et de son ancienne secrétaire d’Etat et candidate malheureuse aux élections générales de 2016, Hillary Clinton, l’homme d’affaires a jeté un pavé dans la mare en apportant son soutien total au candidat républicain au scrutin présidentiel du 5 novembre, Donald Trump. Il a même promis, d’après le Wall Street Journal, d’allouer 45 millions de dollars par mois à la campagne du milliardaire new-yorkais.
“Je soutiens entièrement le président Trump”, a lancé Musk sur son compte X, quelques minutes seulement après la tentative d’assassinat ayant visé l’ancien locataire de la Maison Blanche lors d’un meeting électoral en Pennsylvanie mi-juillet dernier.
Pour les observateurs, cette décision marque la fin de la lune de miel entre Elon Musk et un parti démocrate “qui vire à gauche”. Cette prise de position renseigne aussi, selon d’autres experts, sur un soutien de plus en plus prononcé pour la droite et le camp conservateur au sein du parti républicain.
“L’inclinaison à droite du PDG de Tesla est en fait l’aboutissement d’une évolution qui germait depuis des décennies”, estime la journaliste Jake Lahut dans un article publié par Business Insider, notant que Musk, qui qualifiait d’“embarrassante” la nomination de Trump pour représenter le parti républicain lors des élections de 2016, adopte désormais un posture totalement différente. En témoignent les derniers dons qu’il a tous alloués à des causes et candidats républicains.
“L’homme le plus riche du monde, autrefois profondément sceptique à l’égard de Donald Trump, lui apporte son soutien” pour marquer son retour à la haute magistrature des Etats-Unis, indique de son côté le New York Times dans une analyse, ajoutant que Musk est passé du statut de “partisan idéaliste” des démocrates à celui d’allié farouche de Trump et de défenseur des valeurs conservatrices.
“Musk s’est mué en un personnage central de la course présidentielle, ciblé par le camp démocrate et célébré comme une figure presque mythique par les conseillers de M. Trump”, relève le quotidien, ajoutant que l’entente tacite entre Musk et les progressistes de l’administration du président Joe Biden a buté sur des divergences concernant des questions épineuses comme l’immigration, la gestion de l’inflation et les dépenses publiques.
Désormais, l’homme d’affaires aux 193 millions d’abonnés sur X est célébré, dans les milieux républicains, comme un “converti idéologique” capable d’aider le Grand Old Party à redorer son blason et à reconquérir la Maison Blanche en novembre prochain face à la candidate démocrate, la vice-présidente Kamala Harris.
Le militantisme d’Elon Musk ne se confine pas à l’arène politique américaine. Le fondateur de SpaceX a provoqué un tollé à Caracas en tirant à boulets rouges sur le “dictateur” vénézuélien, Nicolas Maduro, pour son refus de concéder la défaite à la présidentielle face à la candidate de l’opposition, Edmundo Gonzalez. Les critiques à répétition contre le régime gauchiste ont poussé Maduro à annoncer la suspension de la plateforme sociale X.
Une décision similaire a été prise au Brésil contre ce réseau après que ce dernier a “refusé” de se conformer aux ordonnances des tribunaux brésiliens concernant des préoccupations liées à la propagation de la désinformation politique.
“La liberté d’expression est le fondement de la démocratie et, au Brésil, un pseudo-juge non élu est en train de la détruire à cause de motivations politiques”, a réagi Musk en faisant allusion au magistrat Alexandre de Moraes, à l’origine de la suspension du réseau X sur l’ensemble du territoire brésilien.
Musk s’est également attiré les foudres des autorités britanniques suite à des commentaires jugés “injustifiables” sur les récentes émeutes d’extrême droite dans le pays. Le fondateur de Tesla a écrit sur son compte X qu’une “guerre civile est inévitable” au Royaume Uni.
Pour plusieurs observateurs, les nouvelles positions du multimilliardaire américain continueront à faire couler beaucoup d’encre d’autant plus qu’il contrôle, via son réseau X, un “mégaphone politique” devenu puissant.
MAP