Journée mondiale du don d’organes : Quatre questions à la présidente de l’Association marocaine de lutte contre les maladies rénales et de promotion de la greffe
À l’occasion de la célébration de la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe, qui a lieu le 17 octobre de chaque année, Pr. Amal Bourquia, présidente de l’Association marocaine de lutte contre les maladies rénales et de promotion de la greffe d’organes (REINS), a souligné l’importance du don d’organes pour contribuer à sauver des vies.
Dans un entretien accordé à la MAP, Mme Bourquia a également mis en lumière le faible taux de dons d’organes au Maroc, en mettant en avant les principales raisons de cette situation, ainsi que des solutions pour y remédier.
1. Le Maroc célèbre le 17 octobre de chaque année, la Journée mondiale du don d’organes et de la greffe. Que représente cette journée pour vous ?
La Journée mondiale du don d’organes et de la greffe est une occasion très importante pour intensifier les campagnes de sensibilisation auprès des citoyens ainsi que des responsables du secteur de la santé, afin de promouvoir le don et la greffe d’organes, sur fond d’un besoin croissant en la matière.
Cette journée est une occasion aussi de réaffirmer l’importance et la valeur de cet acte humanitaire, car donner un organe vital comme un rein peut sauver la vie d’un patient et améliorer la qualité de sa vie.
Dans ce cadre, l’Association marocaine de lutte contre les maladies rénales organise une série de rencontres et de campagnes de sensibilisation, en plus de ses efforts pour diffuser des informations fiables à travers les réseaux sociaux et divers médias pour combattre certains mythes relayés autour de la question.
2. Quels sont les derniers développements scientifiques dans ce domaine ?
En général, la greffe d’organes a connu des avancées significatives dans plusieurs domaines. Cette année, la première greffe pulmonaire presque entièrement robotisée, sans ouvrir la poitrine du patient, a été réalisée en Espagne.
Parmi les avancées réalisées grâce au recours à la chirurgie robotique figure, surtout, la réduction des complications pour le donneur et le receveur. De plus, les applications d’intelligence artificielle fournissent des informations précises qui permettent de déterminer le donneur le plus compatible, évitant ainsi le rejet de l’organe par le corps du receveur. Cette technologie a été testée avec succès en Angleterre, qui est l’un des premiers pays à l’utiliser.
3. Comment évaluez-vous la situation du don d’organes au niveau national ?
Les taux de dons et de greffes d’organes au Maroc restent très faibles. Depuis la première greffe rénale en 1986, et la première greffe réalisée en 1990 par une équipe médicale 100% marocaine, seulement 640 transplantations rénales ont été effectuées à ce jour. Le nombre de greffes d’autres organes comme le cœur et les poumons reste encore faible.
En réalité, ces chiffres ne correspondent pas aux normes internationales. Chaque pays doit réaliser environ 50 greffes par an pour obtenir une licence pour ces interventions chirurgicales qui nécessitent une formation intensive et des équipes médicales très expérimentées. À mon avis, cela nécessite de regrouper les médecins les plus qualifiés dans des centres spécialisés dans la greffe d’organes, afin de développer davantage ces spécialités.
En ce qui concerne les personnes inscrites pour faire don de leurs organes après leur décès, le nombre reste faible, avec seulement 1200 personnes inscrites, alors que la demande est beaucoup plus élevée. Ceci malgré le fait que le Maroc dispose de compétences médicales et de centres spécialisés, et qu’il est l’un des premiers pays en Afrique et dans le monde arabe à avoir une législation régissant le don et la greffe d’organes et de tissus.
4. Selon vous, quelles sont les raisons de ce faible taux, et comment peut-on encourager les citoyens à faire don de leurs organes ?
Pour répondre à cette question, toutes les parties prenantes se sont déjà réunies, notamment les représentants du ministère de la Santé et de la Protection sociale, les équipes médicales et paramédicales, les patients et leurs familles, ainsi que ceux opérant dans les nouvelles technologies comme la numérisation et les chargés de la couverture médicale.
Il a été souligné que le faible taux de dons est principalement dû à une méconnaissance des règles religieuses et juridiques régissant ce domaine, en raison d’un manque de communication directe avec les spécialistes et les différentes parties prenantes. Les préjugés et les interprétations erronées qui circulent dans la société jouent également un rôle négatif.
D’où l’importance de la sensibilisation et de l’information, pour dissiper ces idées fausses et souligner que sauver ces patients est une responsabilité partagée qui nous concerne tous. Il est également important que la sensibilisation implique différents acteurs, y compris les conseils religieux, les juristes, les médecins, ainsi que la société civile et les diverses associations et organisations concernées.
MAP
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