Marché à terme : un pas majeur vers une infrastructure financière intégrée

Publié il y a 2 semaines

Avec le lancement du marché à terme, tant attendu par les professionnels du marché, le Maroc fait un pas majeur vers une infrastructure financière intégrée, à un moment où le contexte économique et boursier se révèle particulièrement propice.

Le marché profite d’un momentum favorable qui sera renforcé par l’introduction des produits dérivés, permettant aux investisseurs de diversifier leurs stratégies, de mieux se couvrir et de tirer parti des fluctuations des marchés dans un contexte en pleine évolution.

Dans ce sens, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, avait indiqué, lors du lancement du marché à terme, que cette transformation majeure au sein de la Bourse de Casablanca vient compléter le marché des capitaux marocain et le faire “entrer dans le cercle fermé des places financières disposant d’une infrastructure de marché intégrée, jouant pleinement son rôle dans le financement de l’économie”.

“Cette transformation s’appuie sur des piliers essentiels, à savoir la structuration de la Bourse de Casablanca en holding qui entraînera la filialisation de toutes les activités de la chaîne de valeur : le marché comptant, le marché à terme et la Chambre de Compensation (CCP), avec une prise de participation significative dans Maroclear”, a-t-elle expliqué.

Et d’ajouter que l’instauration d’un marché des produits dérivés au Maroc prend appui sur des fondamentaux solides, notamment un cadre macroéconomique stable et un secteur financier résilient.

De son côté, la présidente de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC), Nezha Hayat, a relevé que l’aboutissement de ce projet permettra de dynamiser le marché des capitaux, à un moment où il est appelé à jouer un rôle de plus en plus important dans le financement de l’économie nationale, avec le lancement de plusieurs grands chantiers majeurs de transformation dont la réalisation nécessite la mobilisation de financements conséquents, dépassant les ressources bancaires et budgétaires traditionnelles.

“L’aboutissement de ce projet s’inscrit également en ligne avec les recommandations du nouveau modèle de développement du Maroc, qui fait du développement du marché des capitaux l’un de ses principaux leviers”, a affirmé Mme Hayat.

Approché par la MAP, le président de l’Association Professionnelle des Sociétés de Bourse (APSB), Amine Maamri, a fait savoir que le marché à terme va débuter progressivement en proposant dans un premier temps des contrats “futurs” basés sur un indice boursier.

Ce marché, qui vise à renforcer la capacité d’investissement et de couverture des risques, permet aux investisseurs locaux et étrangers d’anticiper les fluctuations, d’arbitrer efficacement entre la hausse et la baisse, et de se protéger contre les variations du marché, a souligné M. Maamri.

Il a, dans ce sens, expliqué qu’en pratique, le fonctionnement des contrats à terme repose sur des engagements de transactions futures, avec des conditions et des prix fixés à l’avance. Les contrats à terme permettent aux investisseurs de spéculer sur la hausse ou la baisse d’un indice ou d’une action, ou encore de se couvrir contre des fluctuations indésirables des prix.

Interrogé sur les risques inhérents à l’introduction des produits dérivés dans la place financière de Casablanca, il a évoqué l’accroissement du risque de volatilité, ce qui implique de sensibiliser les investisseurs aux risques inhérents à ce type de produit.

“La faible liquidité de certaines actions dans l’indice pourrait poser des défis, nécessitant la création de liquidité additionnelle grâce aux market makers et aux investisseurs institutionnels pour garantir le bon fonctionnement du marché”, a-t-il préconisé.

Un autre élément fondamental de cette innovation, selon lui, est la réduction des écarts de prix, ou spreads, entre le prix d’achat (Bid) et le prix de vente (Ask). L’introduction des contrats à terme et de nouveaux investisseurs, notamment des arbitragistes et des market makers, est attendue pour diminuer ces spreads en augmentant la liquidité et en réduisant les écarts entre l’offre et la demande.

En effet, avec des spreads plus resserrés, l’efficience des transactions s’améliore, et les prix de marché commencent à refléter plus précisément les informations disponibles, ce qui rend le marché plus attractif pour tous les types d’investisseurs.

S’agissant des investisseurs étrangers, M. Maamri, a noté une certaine appétence de leur part pour les produits de couverture tels que les options sur indices et les contrats à terme. Ces instruments facilitent leur accès au marché marocain, car ils leur permettent de gérer le risque de manière plus efficace, en achetant un seul produit dérivé indexé sur le marché global plutôt que de couvrir individuellement chaque action.

Les premières demandes d’agréments pour les membres négociateurs et compensateurs ont déjà été reçues par l’AMMC, marquant une étape importante vers l’opérationnalisation de ce marché novateur.

MAP

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