Énergie: Mme El Adaoui souligne devant le Parlement le besoin d’une vision globale en matière de planification
Le Premier Président de la Cour des Comptes, Zineb El Adaoui, a souligné, mercredi devant les deux Chambres du Parlement, le besoin de consacrer une vision globale en matière de planification dans le secteur de l’énergie.
Lors d’une séance plénière conjointe des Chambres dessentants et des conseillers consacrée à la présentation d’un exposé sur les activités de la Cour des Comptes au titre de la période 2023-2024, Mme El Adaoui a indiqué que la Stratégie énergétique nationale (SEN) 2009-2030 englobe plusieurs volets importants tels que les secteurs de l’électricité, des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique, des carburants et des hydrocarbures, de l’énergie nucléaire, de l’exploration des hydrocarbures, des schistes bitumineux et des bioénergies.
D’importantes réalisations ont été accomplies pour consolider la position du Maroc dans le domaine de la transition énergétique, a-t-elle souligné, rappelant que le Royaume occupe actuellement la quatrième place au niveau africain et la troisième dans le monde arabe en termes de capacité installée de production d’électricité à partir d’énergies renouvelables.
Le Premier Président de la Cour des Comptes a relevé, en revanche, que certains aspects de cette stratégie “sont à améliorer, notamment la gouvernance du secteur de l’énergie et le degré de réalisation des objectifs fixés pour chacune des composantes de la stratégie”.
Concernant la planification énergétique, Mme El Adaoui a fait observer qu’elle s’est focalisée sur le secteur de l’électricité avec, particulièrement, l’élaboration de plans d’équipement relatifs à la production et au transport de l’énergie électrique, “tandis que d’autres aspects importants, tels que la sécurité d’approvisionnement, l’efficacité énergétique et la diversification des sources d’énergie, n’ont pas été inclus”, ce qui met en évidence la nécessité d’instaurer une vision holistique dans la planification énergétique”. De même, en matière de contractualisation entre l’État et les établissement et entreprises publics du secteur de l’énergie, Mme El Adaoui a constaté un “recours limité” à ce mécanisme, “malgré le lancement de plusieurs initiatives dans ce sens”, notant que “depuis 2008, soit à la veille du lancement de la SEN, seulement deux contrats programmes ont été conclus avec l’ONEE : un premier couvrant la période 2008-2011, puis un deuxième pour la période 2014-2017”. Pour ce qui des réalisations enregistrées dans les différentes composantes de la SEN, les données contenues dans la présentation de Mme El Adaoui montrent que la part des énergies renouvelables dans le mix électrique est passée de 32% en 2009 à 40% à fin 2023, pour atteindre 44,3 % en août 2024.
Afin d’atteindre l’objectif fixé de 52% à l’horizon 2030, le Premier Président de la Cour des Comptes a souligné la nécessité d’accélérer le rythme de réalisation d’un certain nombre de projets liés à la production de ces énergies, relevant, à titre d’exemple, que certains projets présentés par le secteur privé conformément à la loi n° 13.09 n’ont pas encore été autorisés, faute de capacité suffisante du réseau de transport de l’électricité.
Dans ce sillage, Mme El Adaoui a considéré que l’élaboration, l’approbation et la mise en œuvre d’une stratégie nationale d’efficacité énergétique deviennent une nécessité impérieuse, au même titre que la mise en place d’un cadre incitatif pour promouvoir les mesures d’efficacité énergétique. Bien que la SEN a fait de l’efficacité énergétique une priorité nationale, “aucune stratégie relative à ce secteur n’a été adoptée dans ce domaine, compte tenu de l’insuffisance et du manque d’efficacité des mesures appliquées”, a-t-elle signalé, ajoutant qu’à cause de ce manquement, le taux d’économie de l’énergie n’a pas dépassé 5,8%, un pourcentage qui reste en deçà de l’objectif fixé de 20% à l’horizon 2030.
Cette situation marquée par la mise en œuvre limitée des mesures d’efficacité énergétique est due à la faiblesse des moyens financiers, au retard de publication de certains textes d’application de la loi° n° 47.09 relative à l’efficacité énergétique et à l’absence d’un dispositif d’incitation capable de faire adhérer les secteurs énergivores, a expliqué Mme El Adaoui.
S’agissant du secteur des hydrocarbures, le Premier Président de la Cour des comptes a affirmé qu’il se trouve dans une situation nécessitant la mise en place de mécanismes de gestion et de contrôle de ses stocks de réserve afin d’atténuer l’impact des fluctuations des prix sur le marché international et leurs répercussions sur les prix au niveau du marché national.
Depuis l’adoption de la SEN en 2009, les stocks de réserve des différents produits pétroliers sont restés en deçà du niveau requis de 60 jours, a-t-elle précisé, rappelant à titre d’exemple qu’en 2023, “les stocks de gasoil, d’essence et de gaz butane n’ont pas dépassé respectivement 32, 37 et 31 jours”.
En ce qui concerne les produits pétroliers importés, le Premier Président de la Cour des Comptes a fait état d’une “diversification limitée des points d’entrée avec un seul et unique nouveau point d’entrée réalisé depuis le lancement de la stratégie en 2009, et ce au niveau du port Tanger Med”.
Pour ce qui est du gaz naturel, Mme El Adaoui a constaté que les initiatives prises depuis 2011 pour développer ce secteur sont restées inachevées, “ce qui affecte les efforts visant l’abandon progressif du charbon dans la production de l’électricité”. Pour faire face à cette situation, le Premier Président de la Cour des Comptes a préconisé “le déploiement de ces initiatives dans le cadre d’une stratégie officielle et d’un cadre juridique adéquat, permettant l’émergence d’un marché gazier transparent et attractif pour les investisseurs”.
MAP
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