Désinformation et réseaux sociaux: Trois questions à Marouane Harmach, expert en communication digitale
La désinformation, une pratique qui consiste à utiliser les techniques de l’information de masse pour induire en erreur, cacher ou travestir les faits, s’est amplifiée avec l’avènement des réseaux sociaux. Dans cet entretien accordé à la MAP, Marouane Harmach, expert en communication digitale, revient sur les origines de l’”infodémie” et propose des pistes d’action pour l’enrayer.
1- Crise sanitaire, catastrophe naturelle, guerres…Les Fake News prospèrent dans les moments de crise. Pourquoi ?
Les Fake News ne sont pas un phénomène nouveau, elles ont toujours existé. C’est leur vitesse d’amplification qui a été augmentée avec la facilité de partage offerte par les réseaux sociaux et la messagerie instantanée. La désinformation, utilisée comme arme d’une guerre de quatrième génération, éminemment informationnelle, est pratiquée soit par des Etats, soit par des groupes et organisations ayant un agenda occulte.
De nos jours, l’Internet et les réseaux sociaux sont devenus une arme à double tranchant. C’est à la fois un moyen pour faire du Fact-checking et un canal de diffusion et d’amplification des Fake News. Les applications de messagerie instantanée, en particulier, favorisent une amplification des Fake News qui échappe à tout contrôle et toute contextualisation. Lorsqu’un contenu commence à circuler sur Whatsapp, il devient difficile de mettre en place des garde-fous pour enrayer sa transmission à grande échelle.
2- Justement, pourquoi les Fake News se propagent-elles si rapidement ?
Les études réalisées dans ce domaine ont établi un facteur de viralité pour calculer la vitesse de propagation d’une information. Selon ces études, les contenus faux, extraordinaires ou sensationnels se propagent dix fois plus rapidement que les informations authentiques et fiables. Il paraît donc que la nature de l’information détermine en grande la vitesse à laquelle elle se propage.
3- Comment faire barrage à ce torrent de désinformation, étant donné la difficulté de contrôler l’espace virtuel ?
La lutte contre ce fléau est une responsabilité partagée entre l’Etat, les médias et les citoyens. Il y a d’abord l’Etat qui doit mettre en place un arsenal juridique pour encadrer la diffusion de l’information tout en garantissant la liberté d’expression, et encourager le journalisme d’investigation et le Fact checking qui reste malheureusement très faible.
A l’école aussi, au niveau des programmes d’éducation, il faut sensibiliser les jeunes à la manière de lire une information, l’interpréter et la vérifier. Les médias, pour leur part, sont appelés à rendre l’information agréable et facile à consommer par le public. Une grande responsabilité incombe enfin au citoyen qui devrait acquérir une culture numérique et prendre le temps de réfléchir à la véracité et l’intérêt d’une information avant d’appuyer sur “Partager”.
Cet aspect revêt une importance particulière dans notre société où le taux d’analphabétisme numérique est élevé. Il ne suffit pas d’utiliser un moteur de recherche, consulter des sites ou avoir des comptes sur les réseaux sociaux pour être alphabétisé numériquement. Il faut encore savoir utiliser à bon escient toutes ces ressources digitales pour ne pas tomber victime des contenus trompeur et pouvoir faire le tri entre info et intox.
MAP
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