Présidentielle: Les Sénégalais dans l’expectative après la décision ferme de Macky Sall de quitter le pouvoir le 2 avril
Les Sénégalais qui devaient se rendre aux urnes le 25 février pour élire leur cinquième président, sont dans l’attente de la décision du chef de l’Etat sortant Macky Sall à propos d’une nouvelle date du scrutin.
En effet, le dernier mot revient au président Macky Sall pour fixer cette date, d’autant que le dirigeant sénégalais a réaffirmé jeudi dernier qu’il quitterait le pouvoir le 2 avril, date de l’expiration officielle de son mandat et qu’il allait saisir le Conseil constitutionnel sur le sujet.
Le chef de l’Etat, qui avait annoncé en juillet sa décision de ne pas briguer un nouveau mandat, bien qu’il en ait le droit, a déclaré mercredi, lors de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, qu’il allait demander l’avis du Conseil constitutionnel sur les recommandations émises par le dialogue national organisé lundi et mardi- derniers, à l’issue duquel les participants ont proposé que la présidentielle se tienne le 2 juin, soit deux mois après la fin officielle du mandat de Macky Sall et que le président reste en fonction jusqu’à l’installation de son successeur.
Le président de la République doit recevoir ce lundi 4 mars les conclusions de ce dialogue qui a réuni des centaines de responsables politiques, religieux ou sociaux. Seize des dix-neuf candidats retenus par le Conseil constitutionnel n’ont pas participé à cette rencontre, de même que plusieurs franges d’acteurs se réclamant de la société civile.
Le Président Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019 mais non candidat en 2024, avait réaffirmé jeudi qu’il partirait le 2 avril, soulignant que la date de son départ “reste absolument ferme”.
“Le Dialogue national a proposé le 2 juin 2024 comme nouvelle date des élections présidentielles au Sénégal. Je remercie les forces vives pour ces assises. Toutefois je tiens à préciser que je quitterai mes fonctions au terme de mon mandat le 2 avril, comme je l’ai déjà indiqué”, a-t-il écrit dans un message posté sur son compte X.
Le ministre de l’intérieur, Sidiki Kaba, a indiqué dans ce cadre que les participants au dialogue national ont proposé la date du 2 juin pour la tenue du premier tour de l’élection “à la suite d’un examen de plusieurs hypothèses et contraintes”.
“Après avoir examiné toutes les contraintes, nous avons retenu la date du 2 juin, celle-ci ne rencontre aucun inconvénient, la date du deuxième tour tombant vers le 23 juin. On ne pouvait donc pas évoquer des contrainte religieuses et culturelles”’, avait déclaré le ministre lors d’une conférence de presse.
“C’est pourquoi la date du 2 juin n’est pas un choix tiré du chapeau. Il a fallu examiner les différentes hypothèses et lever les différents obstacles avant de la retenir par acclamation”, a expliqué M. Sidiki Kaba.
M. Kaba a évoqué une éventuelle reprise du processus électoral, au cas où le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, succèderait au chef de l’Etat, Macky Sall, à partir du 2 avril prochain.
Il a affirmé que ‘’c’est le président de l’Assemblée nationale qui devient automatiquement président de la République’’, à supposer que le Conseil constitutionnel serait amené à constater une ‘’vacance du pouvoir’. dans le pays.
Les analystes estiment par contre qu’un renvoi du scrutin au 2 juin et un départ du président Sall le 2 avril ouvriraient la voie à une situation inédite et “un vide juridique” selon la Constitution, qui ne prévoit pas ce cas de figure. Une grande bataille juridico-politique risque d’éclater sur la notion de +vacance du pouvoir+, selon la presse locale.
Face à cette situation, un collectif citoyen a annoncé la création d’un front commun avec l’opposition politique pour la tenue du scrutin avant le 2 avril, date officielle de la fin du mandat du président sénégalais Macky Sall.
“Cette unité d’action doit permettre de mener des actions collectives, en synergie pour éviter la dispersion des forces qui luttent contre le coup d’Etat en cours”, avait déclaré la plateforme de la société civile Aar Sunu Election (“Préservons notre élection”) dans un communiqué.
Aar Sunu Election annonce sa jonction avec le Front des candidats à l’élection présidentielle du 25 février qui regroupe 16 des 19 candidats retenus le 20 janvier par les 7 sages du Conseil constitutionnel, la coalition d’opposition F24 et le Front pour la défense de la démocratie.
Le président sénégalais avait annoncé le 3 février, à la veille du lancement de la campagne électorale, le report sine die de la présidentielle qui devait se tenir le 25 février, ouvrant une période de grande instabilité dans le pays.
Il a justifié le report de la présidentielle par les profondes dissensions causées par la validation des candidatures et la crainte qu’après les heurts meurtriers de 2021 et 2023.
Pour apaiser la situation de crise née suite à ce report, Macky Sall a fait adopter mercredi dernier un projet de loi d’amnistie générale qui doit être votée par l’Assemblée nationale à une date indéterminée. Selon les autorités, cette décision a été prise dans une “volonté d’apaisement de l’espace politique (…) afin de préserver la stabilité du pays”.
Une centaine de détenus et acteurs politiques ont d’ailleurs été libérés récemment de la prison dans le cadre de cette volonté d’apaisement du chef de l’Etat sortant qui insiste beaucoup qu’il allait quitter le pouvoir le 2 avril.
Cette semaine sera donc cruciale dans la vie politique sénégalaise. Le scrutin aura-t-il lieu le 2 juin comme cela a été proposé par le dialogue national, ou dans une autre date. Il revient ainsi au président de la République et au Conseil constitutionnel de trancher.
”Une semaine décisive qui pourra voir l’organe suprême retenir ou récuser les propositions qui lui seront faites”, écrit à ce sujet le quotidien “Kritik”, estimant que la décision des juges constitutionnels “aura son pesant d’or sur la suite du processus électoral”.
map
Conditions de publication : Les commentaires ne doivent pas être à caractère diffamatoire ou dénigrant à l'égard de l'auteur, des personnes, des sacralités, des religions ou de Dieu. Ils ne doivent pas non plus comporter des insultes ou des propos incitant à la haine et à la discrimination.